03.07.2013 Views

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CULTURE ORALE TRADITIONNELLE<br />

ET CONTEMPORAINE ET<br />

ÉCRITURE D’UNE NOUVELLE DE<br />

TCHICAYA U TAM’SI<br />

Tchicaya U Tam’si est né à Mpili en 1931, dans le territoire du Moyen Congo,<br />

<strong>de</strong> colonisation <strong>française</strong>, qui <strong>de</strong>vait <strong>de</strong>venir la république du Congo, mais qui<br />

avait fait partie <strong>de</strong>s fameux empires du Kongo, royaume Téké, royaume du<br />

Loango… À peine un <strong>de</strong>mi-million d’habitants à l’indépendance ! Mais ce petit<br />

pays est un géant culturel : un passé prestigieux, une lutte cinq fois séculaire<br />

contre l’impérialisme, qu’il soit portugais, hollandais ou français, une moisson<br />

<strong>de</strong> prophètes, d’artistes, <strong>de</strong> penseurs qui surprennent, qui dérangent, un peuple<br />

d’une haute culture traditionnelle et contemporaine, une alphabétisation à 100␣ %<br />

<strong>de</strong>s jeunes due à la division internationale du travail qui a fait du Congo un pays<br />

<strong>de</strong> services, mais aussi et surtout à la mobilisation <strong>de</strong> tout un peuple, une audacieuse<br />

expérience <strong>de</strong> construction du socialisme et un cruel échec en la matière.<br />

Parmi les maîtres <strong>de</strong> la littérature congolaise francophone Tchicaya U Tam’si<br />

est le plus grand. D’abord connu comme poète dans les années cinquante, tout<br />

en poursuivant son œuvre en ce domaine, il s’est intéressé au théâtre, au conte,<br />

et, dans les années quatre-vingt, il s’est lancé dans une œuvre romanesque qui a<br />

révolutionné l’écriture francophone africaine. Affirmons sans crainte qu’il est le<br />

seul écrivain dont l’œuvre parte <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> la négritu<strong>de</strong> et aboutisse au réalisme<br />

magique sans que la symbiose <strong>de</strong> son écriture et <strong>de</strong> ces styles cesse d’être<br />

d’une irréductible originalité.<br />

Le génie congolais est certainement lié à cette faculté d’ouverture au mon<strong>de</strong><br />

qui n’oublie jamais ses racines historiques, culturelles et politiques. Or nombre<br />

<strong>de</strong> critiques ont souligné les possibilités <strong>de</strong> filiations presque naturelles qui existent,<br />

certes entre poésie africaine traditionnelle et poésie africaine en <strong>langue</strong> coloniale,<br />

mais aussi entre conte et <strong>nouvelle</strong>, alors que les liens entre conte et roman<br />

restaient plus complexes à établir. Une <strong>nouvelle</strong> du recueil <strong>de</strong> Tchicaya U<br />

Tam’si <strong>La</strong> main sèche, intitulée «␣ Le fou rire 1 ␣ », nous a semblé particulièrement<br />

apte à décrire les relations entre l’oralité et l’écriture sans nous laisser tomber<br />

dans les pièges idéologiques qui menacent une telle étu<strong>de</strong>.<br />

En effet, lié à une société impérialiste ou ressortissant d’un pays qui est pris<br />

dans le filet néo-colonialiste, ou, pour prendre une terminologie plus actuelle, la<br />

globalisation, le critique tend à accepter une dualité hautement suspecte : oralité<br />

et tradition africaines contre écriture et mo<strong>de</strong>rnité occi<strong>de</strong>ntales. L’immense avantage<br />

<strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> choisie est que, sans être dépourvue <strong>de</strong> générateurs culturels

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!