La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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LA NOUVELLE, UNE LITTÉRATURE POUR LA JEUNESSE ?
est intitulé Histoires horribles et pas si méchantes. Le court texte de présentation
repris dans le catalogue laisse pourtant deviner qu’il pourrait bien s’agir de nouvelles.
Le recueil est même encadré comme dans la bonne vieille tradition de la
nouvelle :
Chaque soir Jacques, Éliane sa compagne, Éric et Catherine ses enfants organisent un
concours d’histoires, toutes plus horribles les unes que les autres. De quoi trembler et
claquer des dents… mais «␣ pour rire␣ » !
Il semble que l’emploi de l’étiquette «␣ nouvelle␣ » corresponde quasi à l’âge de
l’entrée à l’école secondaire, un âge où les belles histoires de l’enfance se transforment
en nouvelles pour l’adolescence. Le cas est flagrant aux éditions de l’École
des loisirs qui présentent deux répertoires thématiques. L’un concerne les albums
et les livres illustrés, l’autre les romans pour les jeunes. Dans le premier, l’index
des genres littéraires mentionne des «␣ recueils d’histoires␣ » alors que l’index du
second contient des «␣ nouvelles␣ ».
Un examen diachronique des catalogues indique que, dans l’ensemble, le temps
semble jouer en faveur de la nouvelle. En ce qui concerne, à titre indicatif, les
éditions Milan, si, ainsi que nous l’avons signalé, l’index du catalogue de 1993
comprend bien une entrée «␣ nouvelle␣ », il n’en va pas de même dans les catalogues
des années antérieures. En 1989, le terme «␣ nouvelle␣ » ne renvoie qu’à «␣ Nouvelle-Calédonie␣
» ! De même, de 1993 à 1997, le nombre de recueils de nouvelles
présents dans la collection «␣ Castor poche␣ » triple et passe de deux à six recueils.
Si la proportion de nouvelles proposées dans les catalogues augmente ces dernières
années, la part réservée à la nouvelle par rapport aux autres productions
demeure infime. Pour reprendre le cas de la collection «␣ Castor poche␣ », les six
recueils de nouvelles inscrits au catalogue en 1997 sont noyés dans la masse des
450 ouvrages répertoriés. Dans la même ligne, le catalogue de la collection «␣ Le
livre de poche jeunesse␣ » ne comptait en 1995 que cinq recueils de nouvelles
parmi plus de 330 titres.
La collection «␣ Page blanche␣ » chez Gallimard constitue un bel exemple de
«␣ phagocitage␣ » de la nouvelle par le roman. Le catalogue de l’éditeur présente
cette collection comme rassemblant des «␣ romans inédits, français et étrangers,
vivants, insolents et actuels, qui parlent aux jeunes et font écho à leurs problèmes
et à ceux du monde␣ ». On y trouve pourtant deux recueils de nouvelles inédits,
signés l’un par Jean-Noël Blanc (Fil de fer, la vie) et l’autre par Régine Detambel
(Solos), ainsi qu’un recueil collectif reprenant des textes de Daniel Pennac, Sylvie
Germain ou Tahar Ben Jelloun parmi d’autres. Ce recueil est, à double titre, un
ouvrage de littérature pour la jeunesse puisqu’il est vendu au profit de l’association
française Sol en si (Solidarité enfants sida).
Dans les collections évoquées jusqu’à présent, qui regroupent indistinctement
des romans, des nouvelles ou des contes, la nouvelle figure sous la forme soit du