La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

434 LA STATISTIQUE LEXICALE AU SECOURS D’UNE DÉFINITION DE LA NOUVELLE
Nous aborderons trois points : l’analyse de la spécificité des textes du corpus ;
la distribution des classes de grammèmes ; enfin, la richesse lexicale des textes du
corpus.
SPÉCIFICITÉ DES TEXTES DU CORPUS
Le corpus sur lequel nous avons travaillé était composé de deux romans (Une
vie d’oiseau, ci-dessous ‘OISE’, et La rue qui monte, ci-dessous ‘MONT’) et de 23
nouvelles rassemblées en deux recueils (De très petites fêlures, ci-dessous ‘FELU’, et
Les préférés, ci-dessous ‘PREF’). Le logiciel Hyperbase permet de mettre en évidence
le vocabulaire spécifique des textes. Pour chaque forme (sauf pour celles
qui ont une fréquence trop basse), le logiciel calcule la fréquence moyenne d’apparition
dans le corpus (c’est cette valeur qui est prise comme norme de comparaison)
et place, autour de cette moyenne, les fréquences de la forme dans les
différents textes. Si ces points sont caractérisés par un écart réduit supérieur à 2
en valeur absolue, c’est-à-dire supérieur à 2 ou inférieur à -2, ils sont retenus par
le logiciel. Ceux qui sont inférieurs à -2 viennent gonfler le stock des formes
déficitaires, ceux qui sont supérieurs à 2, celui des formes excédentaires. Le vocabulaire
spécifique d’un texte compris dans un corpus est l’ensemble des mots par
lesquels il se distingue des autres, soit parce qu’il possède ces mots en très grand
nombre, soit parce que ces mots sont particulièrement rares à l’intérieur de ses
limites.
Puisque nous nous intéressions aux mots de relation et, plus précisément, aux
mots grammaticaux, qui sont plus indépendants du thème, notre première tâche
fut donc de trier manuellement les listes de mots spécifiques produites par le
logiciel en fonction de cet objectif. La sous-liste constituée fut ensuite traduite
sous forme graphique grâce aux méthodes multidimentionnelles de l’analyse factorielle
6 . On ne saurait trop insister sur le fait que ces représentations graphiques
doivent être abordées avec la plus grande prudence et en gardant à l’esprit que la
machinerie mathématique qui a produit la représentation n’a fourni qu’une des
projections possibles.
Dans le graphique présenté ci-dessous, quatre points-textes 7 qui représentent
les quatre ouvrages comparés : les deux recueils de nouvelles (FELU et PREF) et les
deux romans (OISE et MONT). Les autres points qui apparaissent sur le graphique
représentent les éléments de la sous-liste.