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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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484<br />

PRATIQUES DU RECUEIL DE NOUVELLES, DES ORIGINES À 1996<br />

je prendrai en compte, en plus <strong>de</strong> la production <strong>française</strong>, la production belge,<br />

suisse, québécoise et africaine ; le XX e siècle sera privilégié : en raison <strong>de</strong> la remise<br />

en cause ou du re<strong>nouvelle</strong>ment d’archétypes, il éclaire au mieux le travail auquel<br />

se livrent les auteurs (lesquels, par exemple, tissent <strong>de</strong> curieux rapports entre<br />

roman et recueil).<br />

Un bref aperçu historique s’impose en premier lieu.<br />

Aux XV e et XVI e siècles, la <strong>nouvelle</strong> n’est jamais conçue que pour faire partie<br />

d’un recueil.<br />

Au XVII e siècle et jusqu’à la fin du XVIII e siècle, c’est l’inverse qui se produit : 89<br />

recueils pour 478 <strong>nouvelle</strong>s publiées sous la forme d’un volume indépendant. Ce<br />

qui s’explique, je le rappelle, par la conception <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> d’alors, agencée<br />

comme un «␣ petit roman␣ », c’est-à-dire <strong>de</strong> dimensions trop élevées (<strong>de</strong> 200 à 700<br />

pages, format du temps) pour prendre place dans un recueil.<br />

Il faut attendre les <strong>de</strong>rnières années du XVIII e siècle avec Baculard d’Arnaud,<br />

Ussieux, Florian… pour que le nouvelliste re<strong>de</strong>vienne un auteur <strong>de</strong> recueils. Ce<br />

que sont tous les auteurs du XIX e siècle, même si <strong>de</strong>s textes ont paru seuls (chez<br />

M me ␣ <strong>de</strong> Genlis, Mérimée, Gautier, Dumas, Champfleury…). L’habitu<strong>de</strong> est prise<br />

<strong>de</strong> faire paraître d’abord les textes dans les nombreux collectifs, journ<strong>aux</strong> ou revues<br />

du temps. Avec cet effet bénéfique : à la publication en volume, le public,<br />

celui qui achète, connaît le nom <strong>de</strong> l’auteur puisqu’il lui est familier.<br />

Si, dans la première moitié du XX e siècle, la prépublication <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> continue<br />

à être <strong>de</strong> mise, par la suite, elle disparaît quasiment dans les revues ou<br />

journ<strong>aux</strong> à gros tirage (avec <strong>de</strong> temps à autre <strong>de</strong>s exceptions ; avec <strong>de</strong>s effets<br />

parfois plutôt inattendus : comme ce volume qui rassemble <strong>de</strong>s textes policiers<br />

écrits l’été 1996 dans Le mon<strong>de</strong>, qu’on ne peut trouver en librairie mais bien dans<br />

les maisons <strong>de</strong> la presse !). De plus en plus, les nouvellistes écrivent leurs textes<br />

en fonction d’un recueil, avec les conséquences que l’on notera <strong>aux</strong> points␣ 6 et␣ 7<br />

<strong>de</strong> cette communication. Le nouvelliste, en outre peu mentionné dans la gran<strong>de</strong><br />

presse, absent du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s médias, n’est plus un nom familier <strong>aux</strong> yeux du<br />

grand public.<br />

TRADITION ET ARCHÉTYPE : LE CADRE<br />

C’est dès le XIV e siècle que naît l’idée, chez plusieurs, à l’exemple du Décaméron,<br />

<strong>de</strong> placer les textes d’un recueil dans un contexte narratif structuré selon un schéma<br />

immuable : 1. un point <strong>de</strong> départ (les circonstances qui amènent un groupe <strong>de</strong><br />

personnes réunies à se raconter <strong>de</strong>s histoires) – 2. un déroulement, pour chaque<br />

texte, en <strong>de</strong>ux temps : le récit, les commentaires du groupe à son sujet – 3. le<br />

point final : le groupe se sépare. Ce contexte narratif, ou cadre, est signifié d’emblée<br />

par le titre (L’Heptaméron), ou non (Le printemps <strong>de</strong> J.␣ Yver : cinq histoires en<br />

cinq jours)… À l’origine du genre, le recueil se présente comme une œuvre uni-

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