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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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RENÉ GODENNE 485<br />

fiée et codifiée. Si les textes ont en commun sujets ou thèmes, ils ne sont pas<br />

moins indépendants les uns <strong>de</strong>s autres.<br />

Au XVII e siècle puis au XVIII e siècle, même si la <strong>nouvelle</strong>, à l’exemple <strong>de</strong>s Espagnols,<br />

est un récit qui n’offre plus <strong>de</strong> rapport avec la <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong>s siècles précé<strong>de</strong>nts,<br />

<strong>de</strong>s auteurs renouent avec la conception antérieure du recueil, tant elle<br />

doit s’imposer comme un modèle canonique <strong>de</strong> mise en scène anecdotique pour<br />

ouvrir la curiosité du lecteur. Ce sont les <strong>de</strong>ux premiers nouvellistes importants<br />

<strong>de</strong> l’époque classique qui recourent au cadre : Sorel utilise la formule pour la<br />

version augmentée et remaniée (Nouvelles choisies, 1645) <strong>de</strong>s Nouvelles françoises<br />

(1623) :<br />

[il s’agira pour] […] les meilleurs esprits d’entre les Cavaliers qui venoient chez [une<br />

princesse] <strong>de</strong> raconter chacun quelque Histoire, sur tel sujet qu’ils voudroient, et que<br />

cela se feroit <strong>aux</strong> heures que l’on se reposeroit après d’autres divertissements.<br />

Segrais intitule son recueil d’un titre plus explicite (Les <strong>nouvelle</strong>s françoises ou<br />

Les divertissemens <strong>de</strong> la princesse Aurélie), 1656, avec cette référence à L’Heptaméron :<br />

[…] ie me suis fait lire autrefois quelques uns <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> la Royne <strong>de</strong> Navarre (I,<br />

p.␣ 36).<br />

C’est Le Noble, un nouvelliste <strong>de</strong> la fin du siècle, qui recourt à une même<br />

formule dans Le gage touché, histoires galantes et comiques (1697-1698) :<br />

[…] nous commencions à nous ennuyer lorsqu’une Demoiselle fort spirituelle dit,<br />

que pour donner quelque chose <strong>de</strong> plus gai à notre jeu, il falloit que ceux qui seroient<br />

pris donnassent <strong>de</strong>s gages, et que pour les retirer ils fussent obligés <strong>de</strong> conter leurs<br />

propres aventures, ou du moins une histoire à laquelle ils eussent part (Avant-propos).<br />

Force du modèle encore avec Le Décaméron français (1772-1774) <strong>de</strong> d’Ussieux,<br />

avec dix récits placés cependant hors cadre (dans sa préface, l’auteur cite Boccace,<br />

Marguerite <strong>de</strong> Navarre, Segrais).<br />

Que le titre du Décaméron ait exercé une véritable attraction sur l’imagination<br />

<strong>de</strong>s nouvellistes est évi<strong>de</strong>nt tout au long du XIX e siècle. Non seulement l’œuvre,<br />

comme L’Heptaméron, reste présente sur la scène littéraire grâce à <strong>de</strong>s rééditions<br />

(il en était déjà ainsi <strong>aux</strong> XVII e et XVIII e siècles), mais le titre <strong>de</strong> Boccace se voit<br />

repris quatre fois :<br />

1. Le Décaméron français, <strong>nouvelle</strong>s historiques et contes mor<strong>aux</strong> (1829) <strong>de</strong> Lombard<br />

<strong>de</strong> <strong>La</strong>ngres (1 cadre – 10 jours – 15 textes – avec un éloge <strong>de</strong> Boccace) ;<br />

2. Le Décaméron toulousain (1845 – 1 cadre – 3 jours – 3 textes – inachevé : «␣ Il<br />

voulut que le château <strong>de</strong> Verneuil vît se renouveler ou plutôt se réaliser les<br />

délicieux enchantemens <strong>de</strong> la ville florentine racontée par Boccace␣ », p.␣ 2) ;

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