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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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FRANCO DELVECCHIO 367<br />

<strong>nouvelle</strong>. <strong>La</strong> première chose que fait un adaptateur lorsqu’il s’attaque à un roman,<br />

c’est d’en extraire la substance, qui <strong>de</strong>viendra plus qu’un synopsis, puisqu’il<br />

s’y trouvera <strong>de</strong>s détails, <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> style et <strong>de</strong> construction, qui peuvent<br />

conférer à cette moelle <strong>de</strong> récit le statut <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>.<br />

En somme, la <strong>nouvelle</strong>, par sa simplicité diégétique, rencontre parfaitement<br />

les nécessités du scénario <strong>de</strong> long ou moyen métrage 2 .<br />

<strong>La</strong> réciprocité est une notion que j’ai tenté <strong>de</strong> développer dans mes recherches<br />

antérieures, et qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> encore quelques ajustements. Elle me semble toutefois<br />

être capitale dans la compréhension <strong>de</strong> l’adaptation.<br />

Je voudrais tout d’abord la mettre en opposition avec un terme que le cinéma<br />

classique français a tant exacerbé : l’équivalence. Pour le définir, je citerai Truffaut,<br />

qui malgré sa haine pour beaucoup d’auteurs qui l’ont précédé, a mis le<br />

doigt sur l’uniformité <strong>de</strong>s production <strong>de</strong> l’époque :<br />

De l’adaptation telle qu’Aurenche et Bost la pratiquent, le procédé dit <strong>de</strong> l’équivalence<br />

est la pierre <strong>de</strong> touche. Ce procédé suppose qu’il existe dans le roman adapté <strong>de</strong>s<br />

scènes tournables et intournables et qu’au lieu <strong>de</strong> supprimer ces <strong>de</strong>rnières il faut<br />

inventer <strong>de</strong>s scènes équivalentes, c’est-à-dire telles que l’auteur du roman les aurait<br />

écrites pour le cinéma 3 .<br />

Si cette forme d’adaptation ne semble pas convenir, encore faut-il trouver une<br />

autre voie. Il me semble que c’est dans la manière <strong>de</strong> considérer les <strong>de</strong>ux œuvres<br />

en présence que l’on peut trouver une ébauche <strong>de</strong> modèle. Marie-Claire Ropars,<br />

théoricienne <strong>française</strong> du cinéma, a parfaitement défini cette manière d’appréhen<strong>de</strong>r<br />

l’adaptation :<br />

Se contraindre à n’abor<strong>de</strong>r le texte que par la voie du film qui le reflète, mais en<br />

sachant que dans ce reflet, un miroir est à l’œuvre pour renvoyer au film sa propre<br />

image. Entre le film et le texte (chacun dressé en miroir <strong>de</strong> l’autre) le va-et-vient sera<br />

incessant ; et c’est moins l’écart qui sera visé ici que le tracé d’un intervalle multiple,<br />

mobile et, par hypothèse, mesurable 4 .<br />

<strong>La</strong> réciprocité implique donc que la <strong>nouvelle</strong> se donne à l’autre en même temps<br />

qu’elle se disloque, et que ses morce<strong>aux</strong> génèrent dans ce film une entité grâce à<br />

laquelle on la verra (la <strong>nouvelle</strong>) d’un regard nouveau.<br />

Le concept d’image est central dans la réciprocité, parce qu’il est double. Présente<br />

dans le texte (sous forme <strong>de</strong> métaphores, comparaisons, métonymies, synecdoques…),<br />

et elle n’a pour but que <strong>de</strong> nous faire voir, ou mieux, imaginer<br />

(c’est-à-dire transposer en images mentales) une réalité que l’écrivain ne peut<br />

décrire qu’avec <strong>de</strong>s mots. Au cinéma, l’image est tout. Elle vise, dans le cas d’une<br />

adaptation, à nous faire entrevoir la forme spécifique d’écriture (le style, donc)<br />

qui se cache <strong>de</strong>rrière l’œuvre filmée. <strong>La</strong> réciprocité serait l’aboutissement ultime<br />

<strong>de</strong> ce transcodage entre l’image écrite et l’image filmée.

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