La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

L’ÉCRITURE DES NOUVELLES RADIOPHONIQUES,
ENTRE LITTÉRATURE ET JOURNALISME
Si la plupart des grands textes littéraires, bon nombre de nouvelles notamment,
ont fait l’objet d’adaptations radiophoniques, d’autres textes sont expressément
conçus pour être diffusés, exclusivement ou initialement, par ce média
particulier. Les questions relatives à l’adaptation de nouvelles pour la radio ayant
déjà été traitées à diverses reprises, nous nous attacherons plutôt ici à ce que
peuvent être ces nouvelles spécialement écrites aujourd’hui pour le média radio.
Ainsi en est-il notamment des textes primés lors du concours «␣ Polar␣ », mis sur
pied, il y a sept ans maintenant, par la RTBF. La radio publique belge francophone
organise effectivement chaque année une compétition de nouvelles policières
dont les lauréates sont diffusées dans l’émission «␣ On the road again␣ », sur
la Première, le dimanche soir à 23 h 30. Le concours a pour but d’alimenter l’émission
en textes originaux mais aussi, puisqu’il fait l’objet d’une série de spots d’annonce
sur les antennes de la RTBF, d’assurer la promotion de cette émission dont
le degré de notoriété est relativement peu important.
Le dimanche peu avant minuit n’est en effet pas le moment, ni de la semaine
ni de la journée, où le public le plus nombreux est à l’écoute de la radio. Nous
n’avons toutefois pu disposer à la RTBF des chiffres d’audience précis de «␣ On the
road again␣ » puisque, aux dires de Dominique Vasteels 1 , productrice du polar
radiophonique dominical et organisatrice du concours, plus personne ne prend
la peine de les lui envoyer 2 … Ce comportement, quelles qu’en soient les raisons,
semble assez symptomatique du peu d’attention désormais accordé à la fiction
radiophonique. Outre ce rendez-vous quasi nocturne du dimanche, il reste en
effet une seule autre émission consacrée à la fiction sur la première des chaînes
radio de la RTBF 3 : «␣ Radio fiction␣ », le samedi soir de 22 h 30 à minuit, une heure
trente entièrement composée toutefois de réalisations d’archives. Et Dominique
Vasteels d’apporter une précision à cette information : encore faut-il sélectionner
dans les archives des textes brefs (vingt minutes environ), susceptibles de se glisser
entre deux coupures publicitaires.
Une telle émission, on l’imagine aisément, a un coût extrêmement réduit. C’est
en fait l’un des arguments majeurs – l’argument primordial, diront certains –
pour les responsables de la radio 4 , puisque les véritables fictions (celles qui ne se
limitent pas à une lecture, mais nécessitent l’intervention de plusieurs comédiens,
de longues heures de studio, de montage, de mixage…) sont désormais
trop onéreuses pour le public restreint qu’elles intéressent encore. Si l’on peut
émettre l’objection qu’une programmation tardive et de rediffusion n’est sans
doute pas la meilleure stratégie pour attirer un large public, il faut effectivement