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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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366 NOUVELLE ET CINÉMA : HISTOIRE COHÉRENTE ET TECHNIQUE DÉFINISSABLE<br />

tous ces réalisateurs sont issus <strong>de</strong> la veine classique du cinéma 1.<br />

Dans le volet technique <strong>de</strong> cet exposé, je vais tenter d’expliquer le pourquoi <strong>de</strong><br />

cette cohérence entre le cinéma dit classique et l’adaptation <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> à<br />

l’écran.<br />

UNE TECHNIQUE DÉFINISSABLE<br />

Avant d’entrer dans les concepts proprement dits, je voudrais faire une brève<br />

halte sur un problème qu’il faut immédiatement évacuer : la fidélité. L’adaptation<br />

ne doit en aucun cas s’encombrer <strong>de</strong> cette difficulté, et il n’appartient à<br />

aucun scénariste ou cinéaste <strong>de</strong> justifier ses infidélités par rapport à l’œuvre d’origine.<br />

C’est pourquoi j’ai toujours voulu distinguer <strong>de</strong>ux catégories d’adaptations.<br />

Les films inspirés et les films adaptés d’œuvres littéraires. Les premiers s’emparent<br />

d’une histoire qu’ils mettent en images, tandis que les seconds s’intéressent<br />

moins à la diégèse (ou narration) qu’à la manière <strong>de</strong> raconter <strong>de</strong> l’auteur du texte,<br />

à son esprit en somme. Ce qui signifie qu’un film qui respecterait à la lettre l’histoire<br />

d’une <strong>nouvelle</strong> (ou d’un roman, ou d’une pièce <strong>de</strong> théâtre) peut être moins<br />

fidèle au modèle qu’un autre qui aurait tout transformé <strong>de</strong> l’histoire originelle.<br />

Un seul exemple pourra mieux faire comprendre ce que je veux dire : L’amant, <strong>de</strong><br />

Jean-Jacques Annaud, est bien moins fidèle à Duras, que ne l’est <strong>La</strong> chevauchée<br />

fantastique (Stagecoach – John Ford, 1939) à Maupassant et à Boule <strong>de</strong> suif.<br />

Et puis il est une phrase <strong>de</strong> Jean Renoir qui à elle seule justifie toutes les infidélités<br />

: «␣ On n’admire pas un tableau à cause <strong>de</strong> sa fidélité au modèle␣ ».<br />

Deux notions fondamentales me semblent pouvoir modéliser l’adaptation <strong>de</strong><br />

la <strong>nouvelle</strong> au cinéma. Ces <strong>de</strong>ux notions sont la simplicité et la réciprocité.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong> la simplicité, inutile <strong>de</strong> s’éterniser. <strong>La</strong> <strong>nouvelle</strong>, dans son<br />

essence même, recherche une certaine simplicité. Tout au moins dans son contenu<br />

primaire. <strong>La</strong> narration brève, même si sa structure peut parfois être complexe<br />

(Cortazàr en donne quelques exemples), ne prend pas le temps <strong>de</strong> développer<br />

un nombre important d’événements, à la différence du roman, dont la longueur<br />

permet à l’histoire <strong>de</strong> se complexifier. C’est sur d’autres points que la <strong>nouvelle</strong><br />

se distingue ; <strong>de</strong>s points qui, me semble-t-il, se rapprochent davantage du<br />

cinéma que <strong>de</strong> la littérature.<br />

Un autre argument <strong>de</strong> taille se trouve dans la genèse même <strong>de</strong> l’écriture<br />

scénaristique. Qu’est-ce qu’un synopsis, sinon une <strong>nouvelle</strong> ? Le scénario, parce<br />

qu’il s’attache à décrire ce qui est visible à l’image, et cela dans <strong>de</strong>s termes précis<br />

qui ne doivent prêter à aucune équivoque, trouve dans la <strong>nouvelle</strong> son équivalent<br />

le plus pertinent. En effet, comme le récit bref, le film doit pouvoir tout dire,<br />

ou tout laisser entendre, ou mieux, encore tout suggérer, en peu <strong>de</strong> temps.<br />

En abordant la question sous un autre angle, on peut se rendre compte grâce<br />

au travail <strong>de</strong> certains scénaristes dont les documents existent encore, à quel point<br />

le travail d’adaptation cinématographique s’apparente à celui <strong>de</strong> l’écriture d’une

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