Amtliches Bulletin der Bundesversammlung Bulletin officiel de l ...
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Initiative parlementaire (groupe socialiste) 1162 N 12 juin 1997<br />
sur la lutte contre le renchérissement. Avec le secours <strong>de</strong> la<br />
conception et <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> monétaristes, elle a, (elle le dit<br />
elle-même) réduit unilatéralement sa politique économique<br />
aux objectifs quantitatifs (fixation <strong>de</strong> la masse monétaire), jetant<br />
du même coup aux oubliettes les autres paramètres économiques<br />
tels que les taux d’intérêt et les taux <strong>de</strong> change,<br />
bien entendu sans en avoir été chargée par le Parlement ni<br />
par le Gouvernement. Tant que la conjoncture a eu pour effet<br />
une croissance satisfaisante dans les années quatre-vingt,<br />
rares sont ceux qui ont dénoncé sa politique monétariste; son<br />
manque <strong>de</strong> légitimation politique n’a commencé à se faire<br />
sentir qu’au début <strong>de</strong>s années nonante.<br />
5. Des erreurs d’estimation répétées ont provoqué <strong>de</strong> gros<br />
dégâts<br />
Les erreurs d’estimation <strong>de</strong> la BNS sont aujourd’hui patentes<br />
et tous les camps, politiques ou économiques, les ont reconnues.<br />
Depuis 1988, la Direction générale <strong>de</strong> la BNS a commis<br />
à plusieurs reprises <strong>de</strong> graves erreurs d’estimation (cf.<br />
P. Eisenhut: Aktuelle Volkswirtschaftslehre. Edition 1994/95.<br />
Coire/Zurich 1994, p. 168):<br />
– En 1987, elle a décidé <strong>de</strong> mener une politique monétaire<br />
expansive en fournissant aux banques, après l’effondrement<br />
boursier, plus d’un milliard <strong>de</strong> francs <strong>de</strong> liquidités supplémentaires,<br />
ce qui a relancé massivement l’inflation par la suite.<br />
– En 1988, elle a été victime d’une illusion: la masse monétaire<br />
ayant diminué fortement à la suite <strong>de</strong> l’introduction du<br />
système <strong>de</strong> paiement électronique entre les banques et la vitesse<br />
<strong>de</strong> circulation <strong>de</strong> l’argent ayant, elle, massivement augmenté,<br />
elle n’a pas vu que la politique monétaire apparemment<br />
restrictive était en réalité une politique expansive, ce qui<br />
a eu <strong>de</strong> graves conséquences.<br />
– De 1990 à 1992, la BNS a mené une politique monétaire<br />
restrictive avec un taux <strong>de</strong> l’argent élevé (hausse <strong>de</strong>s taux!).<br />
– Bien que les tendances à la récession et la diminution du<br />
renchérissement aient été visibles à partir <strong>de</strong> 1993, la Direction<br />
générale, fidèle au dogmatisme monétariste, a continué<br />
<strong>de</strong> mener une politique monétaire restrictive. A plusieurs reprises,<br />
elle est restée en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> l’objectif qu’elle s’était ellemême<br />
fixé, à savoir faire progresser <strong>de</strong> 1 pour cent la masse<br />
monétaire.<br />
– La Direction générale a ignoré ensuite l’appréciation globale<br />
du franc, laquelle a été en termes réels d’environ<br />
15 pour cent dans les années 1993 à 1995 et a plongé l’économie<br />
d’exportation dans <strong>de</strong> très graves difficultés.<br />
– La politique restreignant la masse monétaire n’a été assouplie<br />
qu’à la fin <strong>de</strong> l’année 1995, mais un réel changement <strong>de</strong><br />
doctrine ne s’est produit qu’après le départ <strong>de</strong> Markus Lusser,<br />
c’est-à-dire au second semestre <strong>de</strong> cette année.<br />
6. L’OCDE confirme les erreurs <strong>de</strong> la BNS<br />
Dans son rapport sur l’économie suisse en 1995/96, rapport<br />
publié au mois <strong>de</strong> juillet <strong>de</strong> cette année, l’OCDE a fait état<br />
d’un taux <strong>de</strong> croissance très faible, qui est le résultat d’une<br />
appréciation <strong>de</strong> 15 pour cent du franc entre 1993 et 1995. Selon<br />
l’OCDE, l’appréciation du franc suisse a entraîné dans<br />
notre pays une diminution <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3 à<br />
4 pour cent! (OCDE: Etu<strong>de</strong>s économiques 1995/96: Suisse.<br />
Paris 1996, p. 6)<br />
Ce recul <strong>de</strong> la croissance équivaut à court terme à une perte<br />
d’environ 100 000 emplois.<br />
L’économie suisse paie aujourd’hui très cher le fait que la Direction<br />
générale d’alors a ignoré les évolutions <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong><br />
change et qu’elle n’a, partant, pas tenu compte <strong>de</strong>s besoins<br />
<strong>de</strong> l’économie d’exportation. Jamais <strong>de</strong>puis les années<br />
trente, une autorité économique n’a commis d’erreur aussi<br />
grossière et aussi lour<strong>de</strong> <strong>de</strong> conséquences que la Banque<br />
nationale, laquelle n’a cessé <strong>de</strong> se tromper dans ses estimations<br />
entre 1988 et 1995.<br />
7. Un rempart idéologique<br />
Non pas que les erreurs sur les cours <strong>de</strong>s changes et sur la<br />
fixation <strong>de</strong>s taux n’aient pas été critiquées. Les syndicats,<br />
<strong>de</strong>s banquiers (P. Buomberger, UBS) et <strong>de</strong>s scientifiques<br />
(Prof. R. Erbe) ont très tôt signalé les dégâts causés par cette<br />
politique. Lorsque la critique s’est amplifiée, la Direction générale<br />
<strong>de</strong> la BNS s’est retranchée <strong><strong>de</strong>r</strong>rière un rempart idéologique,<br />
interdisant quasiment toute discussion sur l’optima-<br />
lisation <strong>de</strong>s objectifs et <strong>de</strong>s conséquences découlant <strong>de</strong>s mesures<br />
décrétées par elle. Elle a obstinément rejeté toute critique<br />
émanant d’un camp ou d’un autre, sous prétexte<br />
d’indépendance.<br />
En 1992/93, le PSS et d’autres organes avaient exigé <strong>de</strong> la<br />
BNS qu’elle tienne compte <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> taux d’intérêt et<br />
<strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> change en plus <strong>de</strong>s objectifs quantitatifs,<br />
proposition qu’elle avait vivement rejetée à l’époque. Or, on<br />
remarque que – sans qu’elle l’ait admis publiquement – elle<br />
tient compte <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux autres<br />
catégories d’objectifs. De fait donc, elle s’est fixée une nouvelle<br />
politique, qui intègre les objectifs <strong>de</strong> taux d’intérêt, et<br />
elle a, du même coup, cédé aux exigences <strong>de</strong> ceux qui réclamaient<br />
cette rectification <strong>de</strong>puis trois ans.<br />
8. Critique <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> placement <strong>de</strong> la BNS<br />
On constate que la Direction générale <strong>de</strong> la BNS a commis la<br />
même bévue dans la gestion <strong>de</strong>s réserves d’or et <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises.<br />
Le professeur lausannois Thomas von Ungern-Sternberg a<br />
prouvé que la Banque nationale aurait pu gagner au minimum<br />
6 milliards <strong>de</strong> francs <strong>de</strong> plus lors <strong>de</strong>s dix <strong><strong>de</strong>r</strong>nières années,<br />
si elle avait su gérer les réserves en question avec plus<br />
<strong>de</strong> professionnalisme. Sa maladresse, dit-il, a nui à tous les<br />
contribuables, car les réserves <strong>de</strong> la BNS sont la fortune du<br />
pays, fortune qui a été fort mal gérée (cf. Thomas von Ungern-Sternberg:<br />
The Swiss National Bank and Seignorage.<br />
Cahier No 9601. DEEP Université <strong>de</strong> Lausanne, January<br />
1996).<br />
Des banquiers, par exemple M. P. Buomberger <strong>de</strong> l’UBS, ont<br />
confirmé les dires selon lesquels la BNS avait suivi une stratégie<br />
<strong>de</strong> placement erronée.<br />
L’initiative parlementaire 96.404 <strong>de</strong> M. Le<strong><strong>de</strong>r</strong>geber, conseiller<br />
national <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que la LBN soit révisée afin que la<br />
fortune <strong>de</strong> la Banque nationale soit mieux gérée et plus rentable<br />
(nous n’irons pas plus loin).<br />
9. Les autres banques d’émission font preuve <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
pragmatisme<br />
Il y a longtemps que les directions <strong>de</strong>s banques d’émission<br />
d’autres pays à monnaie forte <strong>de</strong> l’OCDE ont cessé d’appliquer<br />
la doctrine monétariste, au profit d’une politique plus opportune.<br />
La politique opportune d’une banque d’émission n’a<br />
rien à voir avec l’opportunisme politique; elle signifie au contraire<br />
que la banque modifie les taux du marché monétaire<br />
proportionnellement aux écarts existant par rapport aux objectifs<br />
que sont la stabilité <strong>de</strong>s prix et la stabilité <strong>de</strong> la conjoncture.<br />
En d’autres termes, cela veut dire que les banques<br />
d’émission <strong>de</strong>s autres pays à monnaie forte agissent <strong>de</strong>puis<br />
longtemps <strong>de</strong> manière plus pragmatique et qu’elles réagissent<br />
à la situation en tenant compte <strong>de</strong> la complexité et <strong>de</strong> la<br />
multiplicité <strong>de</strong>s objectifs économiques.<br />
La Banque nationale suisse est celle qui a refusé le plus longtemps<br />
d’appliquer une politique plus pragmatique, du type <strong>de</strong><br />
celle que nous venons d’évoquer. (La nouvelle Direction générale<br />
a, semble-t-il, adopté une politique plus pragmatique<br />
à la mi-1996.)<br />
10. Risque et indépendance <strong>de</strong> la banque d’émission<br />
Toutes ces considérations nous amènent aux conclusions<br />
politiques suivantes:<br />
La Direction générale <strong>de</strong> la BNS s’est tenue trop éloignée <strong>de</strong><br />
la discussion. Avec l’importance prise par la politique monétaire,<br />
son pouvoir est <strong>de</strong>venu trop grand sans qu’elle ait eu<br />
l’obligation <strong>de</strong> rendre <strong>de</strong>s comptes. Le pouvoir, c’est ne pas<br />
<strong>de</strong>voir apprendre, a dit Karl Deutsch. L’inflexibilité <strong>de</strong> la Direction<br />
générale résulte principalement du fait que ses membres<br />
ne ren<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> comptes à personne. Les erreurs qu’ils<br />
peuvent commettre sont d’autant plus graves, et une fois mises<br />
au jour, il n’y a souvent plus grand-chose à faire.<br />
11. Pas question <strong>de</strong> vouloir influencer la politique monétaire<br />
Le groupe socialiste ne souhaite pas expressément que les<br />
Chambres puissent influencer directement les responsables<br />
<strong>de</strong> la Banque nationale.<br />
Il prend très au sérieux ce qui s’est produit ailleurs: les milieux<br />
politiques et les groupes d’intérêt courent en effet le<br />
danger <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la banque d’émission un instrument qui<br />
servirait à court terme <strong>de</strong>s intérêts particuliers (électoraux ou<br />
autres).<br />
<strong>Bulletin</strong> <strong>officiel</strong> <strong>de</strong> l’Assemblée fédérale