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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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grande partie de ces ouvrages est consacrée. Or ce sont là <strong>des</strong> objets métaphysiques<br />

au premier chef, dont la psychologie n’a pas à s’occuper. On ne peut se résoudre à<br />

admettre qu’on ne parle pas de la nature de l’âme dans une psychologie. Pourtant, on<br />

fait bien une physique sans se prononcer sur la nature de la matière. Pourquoi n’en<br />

serait-il pas de même en psychologie ? »<br />

b) Les sciences exactes au service de la psychologie : le modèle<br />

allemand<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

C’est vers l’Allemagne qu’il faut se tourner pour trouver le modèle de la « nouvelle<br />

psychologie» 88 qui essaimera en Europe et aux Etats-Unis dans les dernières décennies du<br />

XIX e siècle. Jusque vers 1850, la situation institutionnelle de la psychologie en Allemagne est<br />

assez semblable à celle que connaît la France : un paysage scientifique dominé par une<br />

psychologie philosophique, laquelle se trouve partagée entre doctrines concurrentes. Les<br />

débats sont particulièrement vifs entre les philosophes partisans d’une psychologie<br />

introspective et spiritualiste (Schelling, Fichte, Carus), et les tenants d’une psychologie<br />

matérialiste et empirique, qui établissent un lien entre le physique et le moral, sans toutefois<br />

entrer sur le terrain de l’expérimentation (Lotze, Drobisch, Herbart). Comment comprendre<br />

alors que soit apparue précisément en Allemagne au cours de cette période cette psychologie<br />

nouvelle, accompagnée d’un nouveau rôle professionnel : celui de « psychologue », qui ne se<br />

limite pas à être celui d’un médecin, ni d’un philosophe ou d’un physiologiste ?<br />

L’institutionnalisation de la psychologie en France est bien plus tardive : jusqu’au début <strong>des</strong><br />

années 1920 la psychologie académique reste sous la coupe de la médecin ou de la<br />

philosophie (Pierre Janet et Edouard Toulouse se définissent davantage comme <strong>des</strong> médecins<br />

ou <strong>des</strong> psychiatres que comme <strong>des</strong> psychologues par exemple ; Théodule-Armand Ribot se<br />

définit plutôt comme un philosophe, et Charles Richet ou Henri Beaunis comme <strong>des</strong><br />

physiologistes).<br />

Ben-David et Randall Collins (1966) ont ouvert <strong>des</strong> pistes intéressantes pour<br />

comprendre le contraste entre les situations allemande, française et américaine du point de<br />

vue de l’émergence de cette psychologie scientifique. Leur analyse met au premier plan<br />

l’organisation du système universitaire allemand de la seconde moitié du XIX e siècle. Dans<br />

leur perspective, les idées ne suffisent pas à elles seules à expliquer l’apparition d’une<br />

nouvelle science : encore faut-il que celles-ci prennent corps dans <strong>des</strong> institutions<br />

88 Les termes d’ « ancienne » et de « nouvelle » psychologie étaient utilisés pour désigner en France l’opposition<br />

entre la psychologie philosophique principalement spéculative de Victor Cousin ou Paul Janet et la psychologie<br />

expérimentale de Wilhelm Wundt. En ce qui concerne l’histoire de la nouvelle psychologie en Allemagne, nous<br />

nous appuyons principalement sur RIBOT (1879)<br />

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