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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

savoir positif dont il est porteur, acquis au terme d’une longue formation spécialisée, le place<br />

dans une situation ontologiquement différente de celle <strong>des</strong> autres occupations.<br />

Si le savoir détenu par les professionnels revêt dans la perspective fonctionnaliste<br />

une telle importance – un caractère quasi sacré – c’est parce qu’il joue un rôle de premier plan<br />

dans le système de valeurs promu par la société. Tous les savoirs ne sont donc pas<br />

susceptibles de donner naissance à une profession. Ils doivent pour cela être fonctionnels du<br />

point de vue de l’équilibre du système social dans son ensemble, c’est-à-dire dotés d’une<br />

certaine valeur dans la société considérée. C’est là le sens <strong>des</strong> différentes remarques de Goode<br />

(art. cit., p. 277-278) : « La connaissance doit être supposée applicable aux problèmes<br />

concrets de l’existence » ; « Il n’est pas nécessaire que la connaissance résolve effectivement<br />

ces problèmes, il suffit que les gens croient dans sa capacité à les résoudre »… Contrairement<br />

à une vision répandue, la perspective fonctionnaliste ne détache donc jamais complètement les<br />

savoirs de leur valorisation sociale. Cet aspect est longuement développé par Parsons (1970<br />

[1955]) à partir du cas de la pratique médicale. Il y justifie la centralité du savoir médical, qui<br />

permet la pleine participation <strong>des</strong> individus au système social. La santé constitue en effet un<br />

pré requis fonctionnel de toute vie collective : « pour un individu normal la maladie le frustre<br />

dans ses espérances de vie normale. Il est coupé de ses activités, de ses distractions et de ses<br />

plaisirs (…) ses relations sociales se trouvent plus ou moins disloquées » (art. cit., p. 174). Le<br />

malade apparaît comme un déviant, incapable de s’acquitter du rôle social qui lui est<br />

normalement dévolu. Le rôle du médecin, titulaire d’une « haute compétence dans le domaine<br />

<strong>des</strong> sciences médicales », est alors de combattre cette déviance afin de rétablir le<br />

fonctionnement normal de la société. Parsons prend bien soin de préciser que si la valeur<br />

sociale <strong>des</strong> savoirs du médecin est reconnue, c’est bien, in fine, parce que ces savoirs prennent<br />

place dans un type de société qui valorise la santé et la pleine participation <strong>des</strong> individus au<br />

système social.<br />

Dans cette veine, de nombreux sociologues ont ainsi défini la psychologie comme<br />

une « profession » au sens fonctionnaliste du terme, puisque l’objectif <strong>des</strong> pratiques<br />

psychologiques est bien de contribuer à la meilleure « adaptation » possible <strong>des</strong> individus à<br />

leurs conditions d’existence dans les différents domaines de la vie sociale (santé mentale,<br />

institution scolaire, monde du travail etc…). En cela la psychologie est bien<br />

« fonctionnelle » : elle participe au fonctionnement efficace et sans « à-coups » (smooth<br />

functioning) du système social.<br />

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