Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

R : « … J’étais conseillère emploi mais… Mon titre de psychologue était pas plus
reconnu quand même. Donc en fait notre diplôme, ils en ont absolument besoin
donc… Ils veulent nous prendre mais après, ils veulent pas nous employer en
conséquence. (…) En fait à Toulon, j’étais toujours à la vacation donc c’était petit
contrat sur petit contrat. Donc même si j’avais travaillé tout le temps, j’étais jamais
sûre de travailler la semaine qui suivait… » (entretien n°16, femme, psychologue à
l’AFPA)
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Le cadre institutionnel des politiques de l’emploi est peu favorable à la création d’un
statut spécifique pour les psychologues, dans la mesure où les professionnels de l’insertion et
du conseil en emploi sont rarement employés directement par l’Etat. Il y a là une différence
avec les secteurs hospitalier et scolaire, qui, étant plus centralisés, permettent une
mobilisation plus forte des acteurs. Les employeurs des psychologues de l’insertion sont le
plus souvent des associations ou des petits cabinets de conseil conventionnés pour un durée
déterminée par l’ANPE (pour les politiques nationales de l’emploi) ou les collectivités locales
(notamment la région dans le domaine de la formation professionnelle ou de l’insertion socioprofessionnelle).
Ces structures connaissent une activité fluctuante, au gré de la commande
publique, peu propice à la constitution d’un statut stable pour leurs salariés. Les syndicats de
psychologues ont alerté à plusieurs reprises le ministère du travail sur cette situation en
tentant de lui faire reconnaître la spécificité des interventions des psychologues dans le
domaine des politiques de l’emploi, comme dans cette lettre adressée en 1992 au Ministre du
Travail :
« Dans le seul secteur de la formation, vous n’ignorez pas que depuis plus de 10 ans
maintenant, le recours aux psychologues intervenant dans les différents dispositifs
d’insertion s’est accru (AFPA, GRETA, associations de formation, Centres de bilan,
ANPE, Missions locales…).
Ce fait n’est pas le fruit d’un réflexion ayant accompagné la mise en œuvre des
différents plans gouvernementaux, mais il s’est imposé sur le terrain, notamment à
l’égard des publics en difficulté et dans les actions visant directement à la réinsertion
(sessions d’orientation approfondie, Modules d’orientation approfondie, actions
d’insertion et de formation, appui spécifique personnalisé…).
La prévalence du psychologue dans les actions d’accompagnement à la formation et
à l’insertion se justifia peu à peu aux yeux des différents prescripteurs à mesure que
le constat s’imposait de l’insuffisance de tout dispositif, aussi ingénieux soit-il, s’il
reste centré sur des aspects techniques et pédagogiques.
Notre rôle de psychologue, au plan collectif, consiste justement à veiller à la prise en
considération de la dimension de la personne au sein de tout dispositif, à lui
favoriser l’évolution vers une autonomie psychologique lui permettant une réelle
intégration des processus de formation et de travail. Cette spécificité professionnelle
et déontologique du psychologue lui enjoint d’être un « formateur » plus soucieux
de l’éveil à la dynamique personnelle que de l’élaboration de programmes, aussi
nécessaires soient-ils. » 82
Ces démarches n’ont toutefois pas abouti, le Ministère du travail refusant de
reconnaître une spécificité des interventions psychologiques dans ce secteur, contrairement au
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