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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

joué par la formation continue dans la construction de l’identité « pour soi » et dans les<br />

transactions biographiques individuelles.<br />

La loi de 1991 sur le bilan de compétences prolonge cette vision idyllique de la<br />

réalisation de soi dans le travail. Elle porte les mêmes ambiguïtés que la loi de 1971, le bilan<br />

étant perçu à la fois comme une opportunité pour les individus, dont elle permet d’améliorer<br />

l’employabilité en explorant la teneur réelle <strong>des</strong> compétences acquises au cours de leur<br />

carrière, et comme une chance pour les entreprises qui disposent ainsi d’un vivier de salariés<br />

plus performants et mieux préparés aux mutations technologiques de demain. On peut ainsi<br />

lire, dans les propositions de Médef inspirées de la même logique que « l’introduction de la<br />

démarche compétences dans la gestion <strong>des</strong> ressources humaines va créer un nouveau champ<br />

du dialogue social constructif au double bénéfice de l’entreprise qui pourra ainsi améliorer sa<br />

compétitivité et celle du salarié qui développera ainsi son employabilité et aura les moyens<br />

d’une meilleure évolution professionnelle » 9 . Le texte de la loi sur le bilan de compétences<br />

souligne tout particulièrement le travail introspectif qui est à la source de tout bilan de<br />

compétences : celui-ci a pour but de « permettre aux travailleurs d’analyser leurs compétences<br />

professionnelles et personnelles ainsi que leurs aptitu<strong>des</strong> et leurs motivations afin de définir<br />

un projet professionnel et, le cas échéant, un projet de formation » 10 . On note dans le texte <strong>des</strong><br />

glissements permanents entre la sphère du psychisme individuel et celle <strong>des</strong> caractéristiques<br />

objectivables sur le marché du travail, comme on le voit dans l’emploi conjoint <strong>des</strong> termes de<br />

compétences professionnelles et personnelles ou de ceux d’aptitu<strong>des</strong> (objectivables) et de<br />

motivations, aux contours nettement plus flous. Dans un texte ultérieur à celui de la loi sur le<br />

bilan (1993), la Délégation à la Formation Professionnelle met encore plus clairement l’accent<br />

sur les capacités d’initiative et d’autonomie que doit manifester la personne qui sollicite un<br />

bilan :<br />

« le bilan de compétences doit permettre à un salarié de passer en revue ses activités<br />

professionnelles dans le but : de faire le point sur ses expériences personnelles et<br />

professionnelles ; de repérer et évaluer ses acquis liés au travail, à la formation, à la<br />

vie sociale (…) ; de gérer au mieux ses ressources personnelles ; d’organiser ses<br />

priorités professionnelles ; de mieux utiliser ses atouts dans <strong>des</strong> négociations<br />

d’emploi ou dans <strong>des</strong> choix de carrière ».<br />

"Faire le point", "Gérer au mieux ses ressources", savoir s’"organiser" et "négocier" :<br />

autant de termes qui soulignent que chaque salarié doit se transformer en un petit entrepreneur<br />

de lui-même, cherchant à investir son travail d’un sens subjectif, toujours en quête de<br />

9 Médef, Journées de Deauville, 1998, cité par REYNAUD (2001)<br />

10 Loi n°91-1405 du 31 décembre 1991 relative au bilan de compétences.<br />

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