27.12.2013 Views

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

« L’opération présence ça a été une évolution parce que… il faut pas oublier qu’on<br />

était parti en 1947 avec une sélection pour le bâtiment et le gros œuvre. Et puis<br />

ensuite bâtiment et second œuvre et puis… ensuite la métallurgie… et puis enfin, à<br />

partir <strong>des</strong> années 60, développement du secteur tertiaire. Donc tout ça pour dire que<br />

petit à petit… l’esprit de « sélectionneur », avec <strong>des</strong> tests et un entretien réduit a<br />

commencé à disparaître. Notamment quand on s’occupait <strong>des</strong> travailleurs<br />

handicapés… On n’était plus dans un système de sélection. Il fallait orienter les<br />

personnes, savoir ce qu’elles voulaient véritablement faire et pas seulement passer<br />

<strong>des</strong> tests pour remplir <strong>des</strong> formations. Moi je me souviens avoir embauché dès les<br />

années 60 une psychologue clinicienne pour s’occuper <strong>des</strong> travailleurs handicapés.<br />

Et puis de la sélection, on est passé à l’orientation et puis… moi, ce qui m’a frappé<br />

quand j’ai quitté le service dans les années 1980, c’est que les gens ils venaient de<br />

plus en plus nous voir pour causer, pour avoir une relation, mais c’était pas<br />

nécessairement pour entrer à l’AFPA. C’était pour avoir un bilan. Ils venaient nous<br />

voir pour savoir ce qu’ils valaient et pour avoir un conseil. Là, on n’est plus du tout<br />

dans la sélection » (entretien n° 53).<br />

3. Une figure professionnelle introuvable : le « psychologue<br />

d’entreprise »<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Face aux limites de la méthode <strong>des</strong> tests, on voit se développer à partir <strong>des</strong> années<br />

1960, une nouvelle figure professionnelle : celle de « psychologue d’entreprise ». Alors que le<br />

psychotechnicien se cantonne à <strong>des</strong> tâches de sélection et d’orientation, le psychologue<br />

d’entreprise a un champ d’activités plus large, qui englobe la formation, la communication, la<br />

psychosociologie, les politiques de gestion du personnel (rémunération, classification,<br />

évaluation <strong>des</strong> postes…) etc.<br />

Cette évolution tient pour une large part au rôle joué par les influences extérieures –<br />

notamment américaines – dès les années 1950. Une partie <strong>des</strong> psychotechniciens français ne<br />

restent pas en marge de cette « fascination de l’Amérique » qu’évoque Luc Boltanski (1982),<br />

même si la majorité de la profession, politiquement à gauche, demeure circonspecte face à<br />

l’usage de nouvelles technologies sociales telles que le « counseling », le « psychodrame » ou<br />

la « formation psychologique <strong>des</strong> Cadres » (voir notamment les positions de Suzanne Pacaud<br />

supra). Deux « missions psychotechniques » sont envoyées aux Etats-Unis, dans le cadre <strong>des</strong><br />

missions de productivité organisées par l’AFAP (Agence Française pour l’Accroissement de<br />

la Productivité) 25 . La première (1952) est constituée à la demande du Ministère du Travail. Il<br />

s’agit d’une mission-pilote, <strong>des</strong>tinée à fixer le cadre <strong>des</strong> missions ultérieures ; elle comprend<br />

presque exclusivement <strong>des</strong> universitaires, placés sous la direction de Paul Fraisse 26 . Dans le<br />

25 Voir sur ce point tableau II-11, annexe 2 « Membes <strong>des</strong> missions psychotechniques de 1952 et 1955 »<br />

26 Fraisse était alors Professeur à l’Institut de Psychologie de Paris et directeur du Laboratoire de Psychologie<br />

Expérimentale de la Sorbonne. Il s’inscrit, à la suite de Piéron, dans une tradition de psychologie scientifique<br />

française. La mission comprend également S. Pacaud, directrice-adjointe du Laboratoire de Psychologie<br />

Appliquée de l’EPHE ; Jean-Marie Faverge, chargé d’étu<strong>des</strong> au CERP ; Pierre Rennes, chef du service étu<strong>des</strong> et<br />

283

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!