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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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en physiologie, il accepte une chaire de philosophie à Heidelberg, tout en donnant une<br />

tournure physiologique et expérimentale à ses travaux philosophiques. En 1879, il crée un<br />

laboratoire de psychologie expérimentale à l’université de Leipzig, qui resta un modèle<br />

inégalé jusqu’à la fin du XIX e siècle. Des étudiants de nombreux pays vinrent s’y former, et<br />

développèrent par la suite dans leur pays les structures institutionnelles d’une psychologie<br />

scientifique.<br />

c) La situation française : La « psychologie nouvelle » en marge de<br />

l’Université<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

En France, à la différence de ce qu’il en a été en Allemagne, la physiologie et la<br />

philosophie jouissaient toutes deux d’un prestige important dans la seconde moitié du XIX e<br />

siècle. L’université, dominée par les disciples de cousin, faisait une large place à la<br />

psycholoige, dans une sorte de spiritualisme néo-kantien, mais la psychologie expérimentale<br />

restait à l’écart <strong>des</strong> enseignements. Pour comprendre la lenteur de l’institutionnalisation de<br />

cette « nouvelle psychologie » en France, il faut se tourner vers la structure même du système<br />

universitaire et de recherche. La psychologie nouvelle se développe en France à une période<br />

où la Sorbonne et plus généralement les facultés sont peu propices à l’audace et aux<br />

innovations intellectuelles 92 . Le Collège de France, en revanche, connaît dans le même<br />

moment un véritable apogée et se montre plus ouvert que tout autre établissement aux<br />

innovations scientifiques. C’est donc cet établissement qui accueille la psychologie nouvelle,<br />

à travers la création d’une chaire de « Psychologie expérimentale et comparée » pour<br />

Théodule-Armand Ribot en 1888. Mais le Collège de France était davantage tourné vers la<br />

valorisation <strong>des</strong> talents individuels que vers celle d’un projet collectif, et se prêtait donc assez<br />

mal à l’institutionnalisation d’une nouvelle discipline. Par ailleurs, l’absence d’un public<br />

d’auditeurs réguliers ne permettait pas la formation d’une cohorte de « disciples »<br />

susceptibles de pérenniser la discipline 93 .<br />

Le parcours académique de Théodule-Armand Ribot illustre particulièrement bien<br />

cette situation. Philosophe de formation, Ribot soutient en 1873 une thèse à la Sorbonne sur<br />

l’hérédité <strong>des</strong> facteurs psychologiques, dans laquelle il affirme que les traits psychologiques<br />

contexte où celle-ci était méprisée par les sciences expérimentales ?<br />

92 Cette sclérose de l’université française entre 1840 et 1880, soulignée par Robert FOX (1984) et Christophe<br />

CHARLE (1997 [1986], p. 1990) ne prit fin qu’avec les réformes mises en œuvre par le directeur de<br />

l’enseignement supérieur Louis Liard dans les années 1890.<br />

93 La sociologie connut une situation semblable au début du XX e siècle. Selon Terry CLARK (1973) et Ian LUBEK<br />

(1981, p. 376), l’une <strong>des</strong> raisons pour lesquelles c’est la sociologie de Durkheim et non celle de Tarde qui s’est<br />

institutionnalisée en France tient au fait que Durkheim occupait une chaire à la Sorbonne alors que Tarde était au<br />

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