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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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trop rigoureuse qui l’anime au cours de cette période, mais aussi <strong>des</strong> réticences du patronat<br />

français à se lancer dans les applications à grande échelle. C’est finalement surtout dans la<br />

sphère publique que s’épanouira la psychologie du travail, en lien avec l’impératif de<br />

classement de flux importants de personnes.<br />

A. UN PROJET DE REGLEMENT TECHNOCRATIQUE DE LA QUESTION SOCIALE<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Ce que nous désignons aujourd’hui sous le terme de « psychologie du travail »<br />

trouve son origine dans trois domaines étroitement liés. Le premier est celui couvert par la<br />

nouvelle psychologie de laboratoire, dont les caractéristiques principales viennent d’être<br />

rappelées (étu<strong>des</strong> expérimentales <strong>des</strong> processus d’apprentissage, de mémorisation,<br />

d’attention…) et qui se développent au départ en France dans le laboratoire de psychologie<br />

physiologique de Henri Beaunis à la Sorbonne (1889), puis dans celui de psychologie<br />

expérimentale créé par Edouard Toulouse à Villejuif (1900) 1 . Ce courant « structuraliste »,<br />

qui cherche à dégager les structures générales <strong>des</strong> processus psychologiques, valables pour<br />

tout individu, se distingue d’un autre courant, celui de la psychologie différentielle 2 , qui<br />

s’efforce au contraire de classer un individu particulier au sein d’une population de<br />

référence. Ce dernier courant, qui s’inscrit dans le sillage <strong>des</strong> travaux statistiques de Francis<br />

Galton (1822-1911), rend possible les applications de la psychologie sur une grande échelle.<br />

La troisième influence a été celle de la physiologie du travail, qui s’intéresse dès les années<br />

1890 à la question de la fatigue ouvrière, d’abord musculaire puis nerveuse, et qui débouche<br />

sur l’aménagement de certains outillages ou postes de travail. Cette branche constituera le<br />

cadre de la future ergonomie, qui se développera véritablement en France à partir <strong>des</strong> années<br />

1960, à la suite <strong>des</strong> travaux de Faverge et Ombredanne (1955).<br />

On voit à travers ces multiples influences que la psychologie du travail ne trouve pas<br />

son unité dès le départ : elle fait partie d’un domaine plus large qualifié tantôt de science du<br />

travail, de psychotechnique, ou de psychologie appliquée 3 , qui trouve <strong>des</strong> applications aussi<br />

bien dans les questions du travail que de l’orientation professionnelle <strong>des</strong> enfants, la publicité<br />

1 Sur l’histoire et le fonctionnement du laboratoire de Toulouse à Villejuif, voir HUTEAU (2002)<br />

2 Comme son nom l’indique, la psychologie « différentielle », qui s’identifie le plus souvent à la méthode <strong>des</strong><br />

tests, s’intéresse en premier lieu aux différences interindividuelles.<br />

3<br />

Pour <strong>des</strong> éclaircissements sur les différents termes utilisés (psychologie appliquée, psychotechnique,<br />

psychologie du travail, physiologie du travail, psychophysiologie du travail…) voir le lexique figurant en annexe<br />

8.<br />

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