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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

besoins sociaux du moment, et à la base <strong>des</strong> activités « anonymes et aléatoires », exposées à<br />

la concurrence.<br />

C’est donc principalement à travers la question du salariat et de son avenir qu’est<br />

abordée, à ses débuts, la sociologie <strong>des</strong> professions en France. Peu de recherches de<br />

sociologie du travail portent sur <strong>des</strong> objets situés en dehors du monde industriel. Le<br />

développement d’une sociologie <strong>des</strong> professions appliquée à l’objet « cadres », entre la fin<br />

<strong>des</strong> années 1960 et le début <strong>des</strong> années 1970 ne fera que confirmer cette tendance générale, en<br />

faisant fonctionner <strong>des</strong> schémas d’opposition simples (professionnalisation /<br />

bureaucratisation ; localisme / cosmopolitisme ; professionnalisme / syndicalisme…). Mais là<br />

encore, seuls les cadres de l’industrie – les <strong>ingénieurs</strong> principalement – retiendront l’attention<br />

<strong>des</strong> sociologues 45 . D’une manière plus générale, on voit bien les difficultés d’une sociologie<br />

imprégnée par le marxisme à aborder <strong>des</strong> objets qui occupent un statut ambigu dans ce cadre<br />

d’analyse, ne formant partie ni du prolétariat ni de la bourgeoisie : en se centrant trop<br />

exclusivement sur les inégalités engendrés par le capitalisme, elle a eu tendance à traiter<br />

davantage la question <strong>des</strong> professions sous l’angle de la stratification sociale que comme une<br />

véritable force politique ou comme un contrepoids à l’Etat et au marché.<br />

Un autre trait caractéristique de cette sociologie, lorsqu’on la compare aux<br />

recherches menées aux Etats-Unis au cours de la même période, est le peu d’attention qu’elle<br />

porte aux situations de travail concrètes <strong>des</strong> professionnels. La nature <strong>des</strong> savoirs portés par<br />

les professions, et l’articulation entre savoirs et pratiques ne font pas partie <strong>des</strong> domaines<br />

d’investigation de la sociologie française de l’époque, notamment si l’on songe aux<br />

recherches menées sur les <strong>ingénieurs</strong>. Les questions qui orientent les recherches relèvent dès<br />

lors davantage d’une macro-sociologie du monde industriel (à travers <strong>des</strong> thèmes comme le<br />

passage du syndicalisme au professionnalisme ; ou de la bureaucratie à l’expertise…), que<br />

d’une véritable sociologie <strong>des</strong> professions. De ce point de vue, les interactionnistes et les<br />

fonctionnalistes sont finalement plus proches que ne laissent supposer les divergences<br />

affichées entre les deux courants : tous deux tentent de faire coexister une sociologie <strong>des</strong><br />

groupes professionnels et de leurs formes d’organisation avec une sociologie de la pratique<br />

professionnelle. Chez Parsons, comme chez Strauss ou Hughes l’étude de la profession<br />

45 Les quelques allusions faites par TOURAINE (1964 [1961], p. 421) à la « professionnalisation <strong>des</strong> cadres<br />

administratifs » <strong>des</strong> entreprises (psychologues, médecins, avocats…) ne suffisent pas à infléchir cette tendance<br />

générale, qui sera confirmée par les recherches de Georges BENGUIGUI, Dominique MONJARDET et Marc<br />

MAURICE sur les <strong>ingénieurs</strong>.<br />

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