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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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c) Bilan de l'approche fonctionnaliste <strong>des</strong> relations savoirs/professions<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

La perspective fonctionnaliste présente <strong>des</strong> limites évidentes du point de vue de<br />

l’analyse <strong>des</strong> rapports entre savoirs et professions. Tout d’abord elle résiste mal à l’épreuve de<br />

la confrontation avec <strong>des</strong> situations concrètes : où commence et où s’arrête une connaissance<br />

« théorique et abstraite » ? Les auteurs font généralement preuve sur ce point de la plus<br />

grande imprécision. Wilensky (art. cit., p. 168), par exemple, rencontre de sérieuses<br />

difficultés à fournir une définition précise de la « base [de connaissances] optimale que doit<br />

présenter une profession » : celle-ci ne doit être « ni trop vague ni trop précise, ni trop large ni<br />

trop étroite ». Une telle définition laisse une marge d’interprétation importante aux<br />

investigations empiriques. De même Goode modère considérablement ses critères dans la<br />

suite de son texte lorsqu’il reconnaît que « la quantité de connaissances que doit posséder une<br />

profession est définie en partie par la société elle-même. Le sorcier peut posséder très peu de<br />

connaissances vali<strong>des</strong>, mais en posséder beaucoup dans les canons de sa société (…), le<br />

médecin, jusqu’à la fin du XIX e siècle, nous apporte un exemple similaire. Et certainement la<br />

validité de nombre <strong>des</strong> connaissances psychodynamiques d’aujourd’hui repose sur <strong>des</strong> bases<br />

peu soli<strong>des</strong> » (art. cit., p. 282). Les différentes « semi-professions » auxquelles il s’intéresse<br />

(bibliothécaires, infirmières, instituteurs…) ne sont finalement pas étudiées du point de vue de<br />

leur base théorique (qui serait insuffisante), mais du point de vue de la reconnaissance sociale<br />

qui est accordée à ces savoirs, ce qui peut sembler contradictoire avec le projet initial d’établir<br />

une typologie <strong>des</strong> professions sur la base de leurs connaissances objectives. Goode ne pousse<br />

toutefois pas le constructivisme plus loin et ne s’interroge pas sur la dynamique sociale qui<br />

institue et maintient la légitimité de certains types de savoirs.<br />

D’autre part, la théorie fonctionnaliste postule un certain évolutionnisme dans les<br />

changements internes à la sphère <strong>des</strong> savoirs : celle-ci est perçue comme le lieu d’un progrès<br />

continu, allant dans le sens d'une rationalité toujours croissante. En conformité avec ce<br />

schéma général, l'application <strong>des</strong> savoirs – à travers les professions – connaît elle aussi un<br />

progrès constant, phénomène que les fonctionnalistes désignent sous le terme de<br />

"professionnalisation". Les progrès de la science et la professionnalisation sont ainsi les deux<br />

faces d'un même phénomène inéluctable : la rationalisation. Comme l'écrit Parsons, à bien <strong>des</strong><br />

égards, "le processus de professionnalisation est presque synonyme de celui de<br />

rationalisation" (1968, p. 545). Contrairement à d’autres auteurs fonctionnalistes – Merton<br />

(1973) ou Ben-David (1971) notamment – Parsons n’ouvre pas de véritable perspective de<br />

sociologie <strong>des</strong> sciences, qui permettrait de mieux resituer les évolutions internes <strong>des</strong><br />

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