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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

sont héréditaires, au même titre que les facteurs biologiques. La méthode qu’il met en œuvre<br />

n’est pas à proprement parler « expérimentale », au sens où l’entend Wundt, ni au sens où<br />

l’entendront quelques années plus tard les psycho-physiologistes français Beaunis, Binet ou<br />

Richet. Sa thèse apparaît toutefois révolutionnaire aux yeux <strong>des</strong> philosophes spiritualistes de<br />

la Sorbonne puisqu’il entend engager la philosophie dans les voies de la science, en fondant<br />

une psychologie objective appuyée sur la seule observation minutieuse <strong>des</strong> faits. En raison de<br />

ses positions théoriques, Ribot eut beaucoup de mal à développer un enseignement autonome<br />

de psychologie. Grâce au soutien de Louis Liard 94 , chargé de la réforme de l’enseignement<br />

supérieur, il obtient entre 1885 et 1888 un éphémère « cours de psychologie expérimentale » à<br />

la Sorbonne (financé par le Ministère de l’Instruction publique, et non par la Sorbonne) mais<br />

il n’y occupe pas de chaire, en raison de la vive opposition <strong>des</strong> philosophes spiritualistes<br />

(Nicolas, op. cit., p. 126-131). Elu au Collège de France en 1888, ce précurseur de la<br />

psychologie scientifique française est resté relativement isolé durant toute sa carrière. A la<br />

différence de Wundt en Allemagne, ou de Granville Stanley Hall aux Etats-Unis, il n’a pas<br />

créé de laboratoire de psychologie, qui lui aurait permis de s’entourer d’une équipe de jeunes<br />

gens partageant son intérêt pour la psychologie « scientifique ». Au demeurant, même s’il<br />

introduit une rigueur et une méthode qui n’existait pas dans la philosophie spiritualiste, Ribot<br />

reste principalement un philosophe, un théoricien de la psychologie, et non un<br />

expérimentateur. Il n’est pas un homme de laboratoire. Ainsi, la revue qu’il fonde en 1876 (la<br />

Revue philosophique de la France et de l’étranger) ne réserve qu’une place limitée à la<br />

psychologie expérimentale et à la physiologie, recevant surtout <strong>des</strong> articles de métaphysique<br />

ou d’histoire de la philosophie 95 . Ribot est donc essentiellement un précurseur, un diffuseur<br />

d’idées et son importance dans l’histoire de la psychologie française tient essentiellement au<br />

fait qu’il a introduit en France les travaux de ses contemporains anglais et allemands à travers<br />

deux ouvrages : La psychologie anglaise contemporaine (1870) et surtout La psychologie<br />

allemande contemporaine (1879).<br />

L’influence de Henri Beaunis (1830-1921) et d’Alfred Binet (1857-1911) d’un côté,<br />

d’Edouard Toulouse (1865-1947) de l’autre, a certainement été plus grande que celle de Ribot<br />

Collège de France et n’avait donc pas accès à un public d’auditeurs réguliers.<br />

94 Louis Liard, directeur de l’enseignement supérieur de 1884 à 1902 aura exercé une grande influence sur<br />

l’institutionnalisation de la psychologie expérimentale en France. L’ouvrage d’Alfred BINET Introduction à la<br />

psychologie expérimentale (1894) lui est d’ailleurs dédié.<br />

95 Cela tient certainement au fait que cette revue avait été créée en collaboration avec Paul Janet (voir supra),<br />

héritier de la philosophie spiritualiste de Victor Cousin.<br />

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