Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Il arrive souvent que l’entrée en psychologie se fasse à la suite d’un échec dans une
autre filière, notamment dans des études médicales ou paramédicales (orthophonie,
kinésithérapie) ou scientifiques (biologie). Les hommes et les femmes se distinguent
nettement de ce point de vue : alors que 36 % des hommes de notre échantillon ont suivi
d’autres études avant de se diriger vers la psychologie, c’est le cas de seulement 18 % des
femmes. Ces différences confirment bien que les trajectoires aux termes desquelles les
hommes se dirigent vers cette profession socialement construite comme "féminine" se
distinguent radicalement de celles des femmes : alors que pour ces dernières le choix de la
psychologie est un choix de « premier ordre », s’inscrivant dans la continuité des études
secondaires, il est en général effectué par les hommes à la suite d’une rupture de trajectoire,
ce qui suscite souvent une identification moindre à la profession et parfois une volonté de
quitter au plus vite cette filière où ils sont entrés "par la force des choses".
La faiblesse des « vocations » pour la psychologie est en grande partie corroborée
par notre enquête statistique, qui révèle que seules 51 % des personnes interrogées se sont
orientées vers la psychologie par intérêt intellectuel pour la discipline. De plus, lorsqu’elles
sont évoquées, ces motivations relèvent davantage de la sphère personnelle (introspection,
connaissance de soi…) que d’un véritable goût pour l’apprentissage d’une science ou d’un
métier, témoignant d’un décalage important entre l’image que se font les jeunes étudiants de
la psychologie et celle que cherchent à promouvoir les enseignants. Ainsi, un intérêt pour la
psychanalyse freudienne, l’introspection ou « la connaissance de l’humain » est fréquemment
placé au premier rang des motivations des étudiants :
Q : « Pourquoi avez-vous choisi la psychologie ? »
R : « Eh bien parce que depuis que je suis adolescente, depuis 12-13 ans, j’ai été
intéressée par ce type de questions sur comment je fonctionnais entre l’image que je
donnais et ce que je faisais réellement… Très vite je me suis interrogée là-dessus.
(…) Bref bon voilà je voulais faire des études de psycho pour mieux me connaître
moi-même, les autres et ce qui se passait à ce niveau-là. Et je me suis dit quitte à
faire des études longues autant que ça me plaise et le métier on verra plus tard…
Donc je suis allée vers la psycho. » (entretien n°23, femme, psychologue à
l’AFPA)
« Après le bac j’ai choisi la psycho parce que ça m’intéressait, … Essentiellement
pour des raisons personnelles, je crois… Pour des raisons d’histoires d’adolescente
et d’enfant qui n’avaient peut-être pas été très facile… Donc le domaine de la
psycho me semblait quelque chose d’assez intéressant… » (entretien n°30, femme,
psychologue à l’AFPA)
« (…) mon choix de la psycho, c’est venu à l’issue du bac, avec la découverte du
conscient et de l’insconscient, de Freud. Donc le goût, l’accroche, c’était plutôt la
psycho clinique » (entretien n°5, femme, consultante en recrutement)
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