27.12.2013 Views

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

les individus qui ne sont jamais tranchées. Donc en fait ça tient parfois plus de la<br />

cacophonie, et je pense que c’est ça qui pose problème actuellement si on veut<br />

conserver notre identité professionnelle » (entretien n°32, femme, psychologue du<br />

travail à l’AFPA).<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Les psychologues rencontrés en entretien ont donc le sentiment ambigu d’exercer<br />

une activité valorisante, qui laisse s’exprimer leur autonomie et leur sens clinique, mais aussi<br />

d’un certain abandon institutionnel du fait de l’absence de références méthodologiques et de<br />

règles générales susceptibles de venir étayer leurs pratiques dans le traitement <strong>des</strong> cas<br />

individuels.<br />

A un second niveau, le psychologue se décharge à son tour de toute prise de décision<br />

sur le consultant lui-même, supposé pleinement libre de ses choix. On est donc dans un<br />

système d’autonomie généralisé, où chaque niveau se déresponsabilise sur le suivant en<br />

faisant appel à l’"autonomie" de l’acteur situé en aval. Ce système conduit à la traduction<br />

d’un problème au départ pensé comme social (l’insertion, le chômage, la formation…) en<br />

problème strictement individuel, l’individu situé en bout de chaîne étant finalement le seul à<br />

porter le poids de sa décision.<br />

La traduction <strong>des</strong> problèmes d’insertion et d’orientation en une question<br />

exclusivement individuelle suscite une adhésion massive chez les psychologues rencontrés en<br />

entretien. Pour la plupart d’entre eux, la difficulté à trouver un emploi tient à une absence de<br />

motivation ou (dans <strong>des</strong> cas plus rares) à <strong>des</strong> problèmes personnels non résolus. La seule voix<br />

discordante qui s’est faite entendre (une psychologue sur les vingt-deux rencontrés à l’AFPA)<br />

émanait d’une psychologue titulaire d’un DESS de psychologie sociale sensibilisée à la<br />

sociologie :<br />

« On renvoie systématiquement les gens à l’initiative individuelle, à l’autonomie<br />

etc., qui est ce qu’on impose aux stagiaires, mais qui a mon sens ne fait que différer<br />

un problème qui est institutionnel ou social. Ce qui me frappe c’est que dans un<br />

contexte qui est de plus en plus contraignant socialement, il y a de moins en moins<br />

de pensée sociale » (entretien n°32, femme, psychologue du travail à l’AFPA).<br />

Dans le questionnaire adressé à l’AFPA, seules deux personnes (sur les soixante-sept<br />

répondants) ont insisté sur la nécessité de réinscrire les problématiques <strong>des</strong> personnes dans<br />

leur environnement social (dans l’une <strong>des</strong> questions ouvertes). Les autres psychologues<br />

adhèrent globalement au schéma individualisant de la psychologie, soit qu’ils s’appuient –<br />

pour les plus anciens – sur le modèle psychométrique classique et une théorie <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong><br />

renouvelée en terme de comportement, de "personnalité" ou de "motivation", soit qu’ils aient<br />

une perception exclusivement clinique ou psychanalytique du problème. La perception d’un<br />

éventuel décalage entre les outils de la psychologie et les problématiques d’insertion et<br />

470

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!