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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

applications de la psychotechnique dans les entreprises durant l’entre deux guerres avait<br />

limité les opportunités de conflits entre psychotechniciens et autres spécialistes de la gestion<br />

du facteur humain : <strong>ingénieurs</strong>-conseils, médecins, surintendantes d’usines, contremaîtres.<br />

Comme on l’a vu, ces différentes catégories s’étaient davantage approprié ces nouveaux<br />

savoirs, les intégrant à leurs propres pratiques sans subir la concurrence directe <strong>des</strong><br />

psychotechniciens. Lahy lui-même, dans les différents services psychotechniques qu’il avait<br />

mis en place, faisait appel à <strong>des</strong> personnels de l’entreprise sans formation psychotechnique<br />

préalable : médecins (Renault, Peugeot, Citroën), <strong>ingénieurs</strong> (STCRP, Tramways de<br />

Marseille)… La croissance rapide <strong>des</strong> effectifs de psychotechniciens au lendemain de la<br />

guerre va modifier cette situation et aviver la concurrence entre les divers intervenants de la<br />

sélection et de l’orientation professionnelle. Le travail de construction <strong>des</strong> frontières du<br />

groupe met les psychotechniciens aux prises avec deux catégories d’acteurs différents. Un<br />

premier groupe, qui concerne surtout le segment libéral de la profession, comprend les autres<br />

spécialistes de l’évaluation <strong>des</strong> personnes sur le marché du recrutement et de l’orientation :<br />

graphologues en premier lieu, mais aussi psychanalystes et psychologues-conseils se<br />

réclamant d’autres systèmes de pensée, désignés comme "empiriques" par la psychotechnique<br />

universitaire (méthode Carrard, psychomorphologie…). Le second groupe concerne la<br />

pratique de la psychotechnique au sein <strong>des</strong> entreprises, où les services psychotechniques<br />

subissent souvent l’emprise de la jeune médecine du travail (instituée par la loi du 11 octobre<br />

1946). Mais dans l’entreprise les psychotechniciens rencontrent aussi la concurrence <strong>des</strong><br />

contremaîtres et supérieurs hiérarchiques, qui craignent d’être dépossédés du pouvoir de<br />

recrutement et d’évaluation de leurs salariés. Cette nouvelle science ne risque-t-elle pas de<br />

mettre dans l’atelier <strong>des</strong> ouvriers dont on ne veut pas, mais qui présentent les aptitu<strong>des</strong><br />

requises ? Ne risque-t-elle pas aussi de diriger vers d’autres services les meilleurs ouvriers,<br />

précisément parce qu’ils présentent de bonnes aptitu<strong>des</strong> ?<br />

a) La concurrence <strong>des</strong> "empiristes"<br />

(1) Cadres et contremaîtres<br />

Les psychotechniciens de l’entre-deux guerres, notamment Toulouse, Laugier et<br />

Piéron, nourrissaient l’espoir d’une société entièrement pénétrée du savoir psychotechnique,<br />

dans laquelle toutes les questions d’orientation et de sélection de la main d’œuvre seraient<br />

réglées par la détermination scientifique <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong> 73 . C’était pour eux la condition d’une<br />

73 L’expression de cette alliance entre le projet social et le projet scientifique de la psychotechnique se trouve<br />

dans la Société de biotypologie, créée par Toulouse et Laugier en 1932 (voir HUTEAU, 2002)<br />

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