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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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Cette répartition sexuée par champ d’activité a <strong>des</strong> conséquences sur la revendication du titre<br />

de psychologue, très variable d’un secteur à l’autre. Les hommes le revendiquent faiblement<br />

et un quart d’entre eux estiment même qu’il n’existe pas de « profession de psychologue »<br />

mais simplement <strong>des</strong> « activités liées à la psychologie », alors qu’aucune réponse de ce type<br />

n’est donnée par les femmes ; les hommes sont également cinq fois plus nombreux que les<br />

femmes à avoir répondu que leur activité relève « partiellement de la psychologie ».<br />

(2) Une nouvelle figure : le « psychologue clinicien »<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

La figure du « psychologue clinicien » qui émerge au cours <strong>des</strong> années 1950 doit<br />

beaucoup à l’influence de Daniel Lagache. Celui-ci considère que la psychologie clinique ne<br />

doit pas se restreindre aux applications pathologiques en milieu hospitalier, mais trouver un<br />

prolongement dans l’ensemble <strong>des</strong> secteurs de la vie sociale. De simple méthode<br />

d’investigation scientifique, la clinique devient l’objet même de l’intervention. Selon les<br />

termes mêmes de Lagache (1966 [1949]), le psychologue doit, dans ses différents champs<br />

d’intervention, « conseiller, guérir et éduquer (ou rééduquer) ». Le modèle promu par<br />

Lagache trouve son origine dans la clinical psychology qui s’est développée aux Etats-Unis<br />

depuis les années 1930, notamment à travers le Journal of consulting psychology, qui définit<br />

en 1945 la psychologie clinique comme « la science et l’art d’employer les principes, les<br />

métho<strong>des</strong> et les procédés psychologiques pour favoriser le bien être de l’individu en vue de<br />

lui faire atteindre un optimum dans l’adaptation sociale et l’expression de soi » 63 . L’éventail<br />

<strong>des</strong> applications est donc a priori très large : il concerne aussi bien l’orientation<br />

professionnelle <strong>des</strong> enfants et <strong>des</strong> adultes que la consultation psychopédagogique <strong>des</strong> jeunes<br />

délinquants 64 , la détection <strong>des</strong> troubles psychologiques en milieu scolaire ou encore les<br />

métho<strong>des</strong> de case work pratiquées par les travailleurs sociaux.<br />

En réalité, plus qu’un domaine d’activité dont les contours pourraient être tracés avec<br />

précision, l’expression de « psychologie clinique » ou de « psychologue clinicien » désigne<br />

un mode de socialisation à la psychologie et une attitude dans la relation à autrui, tournée vers<br />

la recherche du sens <strong>des</strong> conduites individuelles. La psychologie clinique envisagée par<br />

Lagache a donc <strong>des</strong> prétentions hégémoniques : « L’avenir de la psychologie comporte<br />

l’extension nécessaire de l’approche clinique à l’ensemble <strong>des</strong> conduites humaines,<br />

individuelles et collectives, normales et pathologiques » 65 . En comparaison, les opportunités<br />

63 Journal of consulting psychology, 1945, vol. 9, pp. 243-266<br />

64 Des centres d’observation éducative (COE), employant une cinquantaine de psychologues vers la fin <strong>des</strong><br />

années 1950, furent créés par le ministère de la justice en 1945<br />

65 LAGACHE, 1966 [1949], p. 51<br />

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