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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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caractère "concret" ou "vécu" de leur activité, et que l’on qualifie souvent de<br />

"cliniciens" ». (Reuchlin, 1982, pp. 25-26)<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Plus qu’une tension entre ces deux orientations on constate plutôt aujourd’hui<br />

l’abandon quasi définitif du paradigme expérimentaliste dans le monde <strong>des</strong> praticiens,<br />

phénomène d’ailleurs accentué au cours <strong>des</strong> dernières années par l’ascension de la<br />

psychanalyse dans les milieux universitaires français. Contrairement aux années 1950, la<br />

psychologie n’appuie plus aujourd’hui ses revendications professionnelles sur la maîtrise d’un<br />

savoir-faire technique ou un discours scientifique extérieur et objectif, mais sur une pratique,<br />

qui s’« internalise » en quelque sorte dans la personne du praticien et ses virtualités. Les<br />

psychologues semblent abandonner toute prétention généralisante, face à l’infinie complexité<br />

de chaque cas individuel.<br />

Les conséquences de cette évolution doivent être discutées à plusieurs niveaux. Le<br />

premier est celui de l’organisation de la profession et de sa capacité à protéger son marché du<br />

travail. On pourrait penser, avec les fonctionnalistes et les néo-wébériens, que la rhétorique<br />

scientifique à l’œuvre dans la psychologie expérimentale représente un atout important dans<br />

la construction d’un projet professionnel. Il n’en a rien été en réalité puisque les principales<br />

étapes du projet professionnel <strong>des</strong> psychologues (organisation de la formation, protection du<br />

titre….) ont été franchies à un moment où la rhétorique de la psychologie de laboratoire<br />

connaissait un discrédit important et était supplantée par un autre type de psychologie mettant<br />

au contraire l’accent sur la subjectivité du psychologue et sur l’aspect non codifiable ce son<br />

travail.<br />

3. Les transformations du « mandat cognitif » <strong>des</strong> psychologues<br />

La sociologie <strong>des</strong> professions a longtemps porté une attention exclusive aux activités<br />

mettant en œuvre un savoir de type scientifique (médecins, <strong>ingénieurs</strong>…). Pour les<br />

fonctionnalistes, la professionnalisation était synonyme d’une rationalisation de la société, qui<br />

était elle-même liée à la diffusion du mode de raisonnement physico-mathématique à un<br />

éventail croissant d’activités. Certains sociologues (Rueschemeyer, 1972) ont fait remarquer<br />

que la nature <strong>des</strong> savoirs mis en œuvre par <strong>des</strong> professions telles que le clergé ou les<br />

professions juridiques se distinguait pourtant radicalement de ce mode de pensée, et que<br />

personne ne songeait pour autant à contester le statut de « profession » qui leur était<br />

traditionnellement accordé dans les sociétés anglo-saxonnes. Il apparaît donc utile de<br />

distinguer différents types de connaissances et de voir en quoi celles-ci affectent l’influence<br />

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