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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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(l’entretien, l’observation, les tests physiologiques…) et inversement tous les outils élaborés<br />

par la psychométrie ne sont pas utilisés en psychotechnique (tests <strong>des</strong>tinés aux mala<strong>des</strong><br />

mentaux par exemple). Nous distinguerons ici trois courants théoriques, qui ont guidé la<br />

théorie <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong> au cours de la période 1910-1950 : la tendance empiriste (Münsterberg,<br />

Tramm, Rossolimo…), la tendance analytique (Lahy, Laugier, Pacaud…) et la tendance<br />

structurale (Bonnardel, Reuchlin…). On retrouve, au sein de ces trois tendances un opérateur<br />

commun : la notion d’"aptitude(s)", et c’est précisément de la définition donnée à celle(s)-ci<br />

que vont naître les divergences entre les psychotechniciens. Les différentes contributions<br />

théoriques ne se laissent pas toujours ranger de façon univoque sous l’une de ces étiquettes ;<br />

l’exposé que nous en ferons vise simplement à faire comprendre la ligne générale d’évolution<br />

<strong>des</strong> idées, afin de mieux situer la position de la psychotechnique en France au début <strong>des</strong><br />

années 1950.<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

1. La tendance empiriste 1<br />

Une première manière, assez intuitive, d’aborder les questions de sélection et<br />

d’orientation professionnelle consiste à déterminer les « aptitu<strong>des</strong> » nécessaires à l’exercice<br />

d’un métier (après l’avoir étudié de manière plus ou moins approfondie) et à mettre celles-ci<br />

en rapport avec <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong> "naturellement" ancrées dans les individus. Dans cette<br />

perspective, il y aurait « une sorte de correspondance biunivoque entre un univers <strong>des</strong><br />

aptitu<strong>des</strong> humaines et un univers <strong>des</strong> tâches professionnelles » 2 . On s’apercevra ainsi par<br />

exemple que le métier de conducteur de train requiert de bonnes aptitu<strong>des</strong> en matière d’<br />

« attention », soit par une étude de terrain approfondie (comme le fit Lahy), soit en<br />

interrogeant le supérieur hiérarchique sur les aptitu<strong>des</strong> nécessaires au métier (Münsterberg,<br />

Dill Scott). On recherche ensuite, grâce à un test approprié, les individus qui présentent une<br />

capacité d’attention satisfaisante et qui deviennent de ce fait aptes au métier de conducteur de<br />

train. Dans un cas comme dans l’autre, le sens donné au terme d’ « attention » ne diffère pas<br />

en profondeur de celui que lui donne le sens commun. Le problème de la définition<br />

psychologique de l’attention est en quelque sorte éludé et surtout, l’attention dont est capable<br />

l’individu est substantiellement identique à celle qui est en jeu dans le métier. Cette voie de<br />

recherche a donné lieu à <strong>des</strong> tentatives de systématisation à travers la notion de « profil<br />

1 D’autres auteurs ont qualifié cette tendance de « tendance dogmatique » (BONNARDEL, 1943) ou de « méthode<br />

<strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong> opérationnelles » (PALMADE, 1948). Nous l’appelons « tendance empiriste » pour bien souligner la<br />

confusion que fait cette méthode entre les représentations du sens commun sur les aptitu<strong>des</strong> et les représentations<br />

scientifiques.<br />

2 PAGES, 1964 [1961], p. 124<br />

199

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