Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
dans le cas de la psychotechnique : industrialisation rapide du pays, souci de la productivité,
nécessité de recruter des personnels nombreux et mieux qualifiés pour la reconstruction….
Comme avec les personnels d’encadrement, les psychotechniciens tentent de démontrer le
caractère non scientifique des méthodes graphologiques, en s’appuyant sur des études
docimologiques confrontant des critères de réussite professionnelle avec des évaluations
graphologiques, ou montrant la variance entre les évaluations d’un même individu par
différents graphologues. Graphologues et psychotechniciens n’occupent pourtant pas tout à
fait les mêmes territoires. D’une part les graphologues sont totalement absents des entreprises
publiques et des administrations. En 1955, le sous-secrétariat à l’Enseignement Technique,
appelé à se prononcer sur le statut d’utilité publique du GGPF, refuse de donner l’agrément en
raison du caractère « peu fiable » des méthodes utilisées mais surtout parce que les milieux de
la psychotechnique universitaires (notamment Piéron) ont de nombreux contacts auprès de
l’Enseignement Technique, qui a opté pour la méthode psychotechnique dès les années 1920
au moment de la mise en place de l’orientation professionnelle. L’administration et les
entreprises publiques semblent donc être une chasse gardée de la psychotechnique, seule
méthode dont les assises scientifiques sont jugées solides par les pouvoirs publics. Sur le
marché de la sélection privée, ils n’ont pas non plus affaire au même type de clientèle.
Compte tenu des outils d’investigation caractérielle qu’ils proposent, les graphologues sont
surtout sollicités pour le recrutement des cadres ou d’emplois intermédiaires dans les services
(commerce, secrétariat, vente…). A l’inverse, les psychotechniciens ont davantage affaire à
un public de techniciens et d’ouvriers qualifiés de l’industrie. Ils ne sont en effet pas parvenus
à établir des tests aussi scientifiquement rigoureux que les tests psychophysiologiques ou
d’attention dans le domaine caractériel ou de l’étude de la personnalité, qui passent pourtant
au premier plan dans le recrutement des cadres et des emplois de service. Les progrès permis
par l’analyse factorielle dans la connaissance des facteurs d’intelligence générale ne donnent
pas non plus aux psychotechniciens des outils d’évaluation solides pour la sélection de cadres,
puisque ces derniers ont généralement tous de bonnes performances dans ce type de tests,
compte tenu de leur niveau scolaire initial. Le territoire de l’évaluation des cadres est donc
déserté par les psychotechniciens, faute de méthode d’investigation adéquate, ce qui en fait un
lieu privilégié de concurrence interprofessionnelle avec les graphologues.
(3) Les premières fondations d’une psychologie clinique du travail
Il faut enfin mentionner, parmi les professions concurrentes des psychotechniciens au
tournant des années 1950 ceux qui se réclament de savoirs eux aussi "psychologiques", mais
qui s’inscrivent dans une perspective davantage spiritualiste (voire psychanalytique)
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