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A. LES EVOLUTIONS INTERNES DE LA PSYCHOLOGIE DU TRAVAIL
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Si la sociologie des professions a longtemps porté son attention sur les groupes
professionnels qui se « professionnalisent » au sens fonctionnaliste du terme (codification des
savoirs, création d’organisations professionnelles, mise en place de cursus de formation, de
codes de déontologie etc.) rares sont les recherches consacrées au processus inverse d’érosion,
de déstabilisation et finalement de disparition de groupes professionnels. Les fonctionnalistes
expliquent mal ces phénomènes, puisqu’ils voient dans les progrès de la rationalité un
mouvement unilinéaire vers davantage de professionnalisation. De même, le schéma néowéberien
de « monopolisation », qui insiste sur la capacité d’action collective des groupes
professionnels, ne dispose pas de véritables outils d’analyse pour comprendre ces
mouvements à rebours de « démonopolisation », qui touchent pourtant nombre de
professions : comment comprendre en effet qu’une profession, une fois arrivée à une position
de pouvoir, abandonne ses monopoles acquis de haute lutte ? L’approche écologique d’Abbott
(1988) apporte une réponse à ces questions : c’est l’émergence continue de nouveaux acteurs
dans le « système des professions » qui travaille, recompose, déstabilise les juridictions
acquises au fil du temps. De ce point de vue, la prise en compte d’un facteur unique de
déprofessionnalisation est rarement satisfaisante. Il semble préférable de combiner différents
niveaux d’analyse, prenant en compte des facteurs internes à la profession (le contenu de ses
savoirs, ses rapports avec les autres segments de la profession, les trajectoires biographiques
et les profils individuels des membres de la profession) et des facteurs externes (liens avec les
professions voisines, transformation de l’action publique dans les domaines touchés par la
profession…). Dans le cas qui nous préoccupe, la remise en cause du paradigme
expérimentaliste en psychologie, qui touche toutes les professions qui s’étaient construites
autour de ce noyau dans la période 1920-1950 (psychotechniciens et Conseillers
d’orientation), est bien sûr centrale pour comprendre le passage de la figure du
psychotechnicien à celle du psychologue du travail, mais il faut mobiliser d’autres cadres
d’analyse pour avoir une appréhension plus complète de ce phénomène de
décomposition/recomposition du groupe. Parmi ceux-ci, nous en retiendrons plus
particulièrement : ceux ayant trait à la transformation des profils individuels et ceux liés aux
modes d’intervention publics dans le domaine du travail.
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