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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

directement –, et la disposition native, que l’on cherche à déceler en s’adressant aux capacités.<br />

C’est à cette disposition que convient le terme d’aptitude… ». L’idée de rendement ne<br />

s’appliquerait donc qu’aux « capacités » et pas aux « dispositions natives » évoquées par<br />

Piéron. Mais, s’interroge Naville (1972 [1945], p. 256) « comment on peut remonter de la<br />

capacité ainsi conçue (performance dans un test) à une aptitude (disposition native) pour un<br />

métier ou l’autre, c’est ce qui reste toujours pour moi un mystère… ». Car prétendre qu’il y a<br />

<strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong> naturelles pour un métier spécifique, c’est oublier que certaines activités<br />

disparaissent, tandis que d’autres apparaissent ou se recomposent incessamment. Face à cette<br />

faille originelle de la notion d’aptitude, Naville suggère de lui substituer la notion<br />

d’adaptitude, soulignant par là que le cœur du problème ne réside pas dans la recherche de<br />

caractéristiques innées à s’orienter vers tel ou tel métier mais dans un processus continu<br />

d’adaptation entre <strong>des</strong> caractéristiques biologiques et une structure sociale mouvante. C’est<br />

finalement par la planification <strong>des</strong> besoins en main-d’œuvre et un processus continu<br />

d’orientation <strong>des</strong> individus vers les emplois existants et futurs que les processus d’orientation<br />

pourront, pour Naville, retrouver du sens.<br />

La critique n’est pas de pure forme : elle ouvre la voie d’un renouvellement <strong>des</strong><br />

pratiques d’orientation et de sélection de la main-d’œuvre, donnant une plus large place aux<br />

sciences sociales (plus particulièrement à l’économie et à la sociologie du travail) et laissant<br />

de côté les métho<strong>des</strong> issues de la psychologie expérimentale. Le mouvement est déjà bien<br />

amorcé vers le milieu <strong>des</strong> années 1960, comme le montre l’évolution de la position du<br />

Ministère du Travail et du Ministère de l’Education nationale à l’égard de la psychotechnique.<br />

Dans l’Education nationale par exemple, on souhaite faire une plus large place à la sociologie<br />

et l’économie dans la formation <strong>des</strong> Conseillers d’orientation, après plusieurs décennies de<br />

domination incontestée de la psychotechnique. Cette question est au cœur du débat, en 1963,<br />

lorsque le Ministre de l’Education veut unifier les corps de psychologues scolaires et de<br />

Conseillers d’orientation au sein d’un corps unique de « Conseillers-psychologues »,<br />

davantage tourné vers les sciences sociales. La formation envisagée pour ce nouveau corps<br />

comprendrait un enseignement mi-économique, mi-psychologique, afin de redonner du poids<br />

aux déterminants socio-économiques dans la prise de décision <strong>des</strong> Conseillers-psychologues :<br />

« La licence de psychologie est vivement contestée au Ministère (…). Une licence<br />

de sciences économiques, en raison <strong>des</strong> informations à donner sur les carrières,<br />

serait mieux vue. Pour en sortir, il faut essayer de défendre une licence mipsychologique,<br />

mi-économique » 9 .<br />

9 Arch. INETOP, lettre de J. Capelle (Directeur général <strong>des</strong> enseignements scolaires et de l’orientation) à<br />

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