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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Capshew (1999) dans leurs ouvrages. Il est possible aussi d’analyser le développement de la<br />

psychologie dans les termes larsoniens de la « conquête de marché », comme le font Paicheler<br />

(1992) ou Leary (1987), qui s’intéressent tous deux à la « rhétorique scientifique » de la<br />

psychologie nouvelle aux Etats-Unis. Mais un tel schéma d’analyse semble difficilement<br />

transposable au cas de la psychologie française, puisque la naissance de ce nouveau savoir et<br />

de cette nouvelle profession doivent être resitués dans les juridictions complexes qui lui<br />

préexistent, tant dans le champ scientifique que dans celui <strong>des</strong> applications sociales. Face à<br />

cet enchevêtrement de déterminations multiples, on voit que le modèle larsonien apparaît trop<br />

schématique et ne saurait s’appliquer trait pour trait à la situation française. En l’espèce, il ne<br />

peut expliquer la coexistence durable en France de deux paradigmes tout au long du XX e<br />

siècle : un paradigme de la psychologie clinique, issu de la médecine et de la<br />

« psychopathologie » de Jean-Martin Charcot et de Pierre Janet ; et un paradigme de la<br />

psychologie scientifique et expérimentale, issu de Henri Beaunis et Alfred Binet (voir l’arbre<br />

généalogique <strong>des</strong> principaux courants de la psychologie, annexe 2, figure II-1).<br />

2. L’évolution « interne » de la discipline : de l’œcuménisme de Lagache<br />

à l’impérialisme de la clinique<br />

a) La psychologie : science humaine ou science de la nature ?<br />

L’une <strong>des</strong> principales questions qui se pose au sujet de l’identité disciplinaire de la<br />

psychologie est de savoir si elle est d’abord une « science de la nature » ou une « science de<br />

l’homme ». La réponse apportée à cette question, posée par Lagache (1949) dans un texte<br />

célèbre sur « l’unité de la psychologie », engage <strong>des</strong> démarches et <strong>des</strong> pratiques différentes,<br />

souvent même opposées : d’un côté, la mesure, les tests, l’explication ; de l’autre l’écoute, la<br />

compréhension et une « psychologie en profondeur ». Les historiens de la psychologie<br />

mettent eux aussi l’accent sur cette dimension hybride, ou syncrétique de la psychologie, qui<br />

apparaît déjà dans la citation de Wundt citée en exergue : la psychologie occupe une place<br />

« intermédiaire » dans le tableau <strong>des</strong> sciences : un pied dans l’objectivité et la rigoureuse<br />

exactitude <strong>des</strong> sciences de la nature, l’autre dans les sciences humaines, la prise en compte <strong>des</strong><br />

subjectivités et une orientation psychodynamique 102 . Quels que soient les termes employés<br />

102 On appelle psychologie dynamique ou "psychodynamique" l’ensemble <strong>des</strong> courants de la psychologie ou de<br />

la psychiatrie qui s’appuient sur l’idée d’une relation de transfert – ou tout au moins d’une relation<br />

intersubjective – entre le thérapeute et son patient. Cette psychologie est plus tournée vers l’étude de la<br />

personnalité globale que vers celle <strong>des</strong> fonctions objectives du psychisme.<br />

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