Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
quartiers nord de Marseille : « J’ai d’abord animé une formation de quatre mois et demi, un
stage d’accompagnement au projet professionnel et à l’emploi. Aide à la recherche
d’emploi… A l’époque ça s’appelait les ARISP : "Actions de Réinsertion Socio-
Professionnelle". C’était des stages de 4 mois et demi avec des périodes d’alternance en
entreprise. Au départ j’ai co-animé ça avec une psycho-clinicienne et voilà, j’ai commencé
dans l’insertion comme ça, avec un… Et ça a été pour moi… Je ne connaissais pas du tout ce
secteur d’activité, j’avais jamais pensé y travailler et… ». Cette expérience a décidé C. F. à
mettre un terme sa recherche d’emploi dans les ressources humaines et à s’orienter
définitivement vers le champ de l’insertion. Le contact avec un nouveau public et le goût qu’il
prend progressivement à la relation d’aide l’invite à reconsidérer ses expériences préalables
dans les cabinets de conseil et à se dire qu’au fond, il avait toujours voulu travailler dans
l’insertion : « (…) jusqu’alors j’avais été en cabinet, à la mairie de Marseille, et ça ne s’était
pas super bien passé. Je me disais que techniquement le boulot était intéressant, mais j’avais
du mal parce qu’il manquait la relation d’aide. Ça manquait de fond, de coloration, de
saveur. Alors qu’en tant que psycho on doit avoir cette plus-value. Et moi par exemple, je
voyais vraiment l’ergonomie dans ce sens. L’idée c’était vraiment de permettre à des
personnes d’avoir des situations de travail qui soient plus adaptées à la logique humaine etc.
Et ça, ça me manquait dans les cabinets ».
A travers ces trois exemples, on voit la diversité des cheminements qui conduisent de
la psychologie à la psychologie du travail, puis au choix d’une orientation de carrière au sein
de cette dernière. La compréhension de ces trajectoires suppose d’enrichir l’approche des
processus de socialisation en amont et en aval. En amont, par l’analyse des trajectoires
biographiques jusqu’à l’entrée en psychologie et en aval, en repoussant les bornes de la
socialisation au choix d’une spécialité puis à l’entrée dans la vie professionnelle. Une telle
approche permet de remettre en cause l’image unifiée que produit la profession sur elle-même
et de montrer que la socialisation universitaire ne conduit par à la production d’un
"psychologue-type" mais porte bien en germe une diversité de spécialités qui conduisent à des
situations professionnelles différentes. Ces trajectoires diverses nous invitent à nous
interroger, dans la section suivante sur les contours de la profession aujourd’hui et sur l’usage
des connaissance acquises en psychologie dans les emplois occupés. Peut-on parler d’une
culture professionnelle commune à l’ensemble des psychologues du travail ou la
61 Entretien n°21, homme, psychologue à l’AFPA.
367