27.12.2013 Views

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

psychologie clinique ou de l’éducation : il s’agit du Bulletin de psychologie (créé en 1948 par<br />

les étudiants de licence de psychologie nouvellement créée à la Sorbonne) de Psychologie<br />

française (la revue de la SFP) ou du BINOP (Bulletin de l’Institut National d’orientation<br />

professionnelle). On constate enfin que, conjointement à l’apparition de revues spécialisées en<br />

psychotechnique, les gran<strong>des</strong> revues de psychologie (l’Année psychologique et le Journal de<br />

psychologie normale et pathologique), qui accueillaient assez largement les contributions en<br />

psychologie appliquée dans l’entre deux guerres publient de moins en moins d’articles dans<br />

ce champ et se consacrent à <strong>des</strong> thèmes plus généraux. Parmi les revues « spécialisées », il<br />

faut souligner la position originale de la Revue de psychologie appliquée dans le champ de la<br />

psychotechnique <strong>des</strong> années 1950. Cette revue entend se placer au carrefour <strong>des</strong><br />

préoccupations <strong>des</strong> universitaires et de celles <strong>des</strong> praticiens. Dans l’éditorial de son premier<br />

numéro (octobre 1950), ses fondateurs (André Vidal et Pierre Rennes) expriment le paradoxe<br />

qui se trouve à son origine. Tout d’abord, ils la présentent comme une revue scientifique, qui<br />

entend « ne faire aucune concession, si minime soit-elle, à la rigueur scientifique, et accueillir<br />

tout travail de recherche, si élevé que soit son niveau ». Mais elle se veut aussi un espace de<br />

débat ouvert aux praticiens : « psychologues de la profession, orienteurs et<br />

psychotechniciens » (…) Nous voulons faire une large place aux problèmes concrets<br />

d’application quotidienne » afin de répondre à « la dualité profonde de la psychologie<br />

appliquée, qui est à la fois psychologie et application, et dont une face est tournée vers la<br />

connaissance scientifique, sous l’une de ses formes les plus hautes, l’autre vers l’application,<br />

avec ce qu’elle comporte inévitablement de recours au procédé et même au tour de main ».<br />

Les quatre revues mentionnées se montrent très ouvertes aux contributions <strong>des</strong> praticiens, ce<br />

qui permet au monde académique de maintenir un contact avec une réalité concrète du travail<br />

qu’ils ont pour la plupart désertée, pour s’enfermer dans de purs travaux de validation<br />

statistique. Comme on l’avait déjà noté à propos de l’entre deux guerre, la science et les<br />

applications pratiques s’alimentent et se légitiment mutuellement. La psychotechnique n’est<br />

donc pas une science « neutre » dont les déterminants seraient totalement coupés <strong>des</strong> réalités<br />

concrètes, mais elle se nourrit <strong>des</strong> applications pratiques elles-mêmes.<br />

Peut-être faut-il voir aussi dans cette grande proximité entre la science et le monde<br />

académique le signe d’une profession naissante, pour laquelle les conditions d’accès au<br />

marché du travail universitaire ne se sont pas encore fermées. Ainsi, un grand nombre de<br />

praticiens <strong>des</strong> années 1950 poursuivront une carrière universitaire après avoir exercé la<br />

psychotechnique pendant quelques années (voir tableau 12 infra). De nombreux praticiens<br />

collaborent également aux enseignements de l’Institut de psychologie, de l’INOP ou du<br />

220

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!