Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Cette neutralisation des conditions extérieures au laboratoire apparaît également dans
les deux principales propriétés des tests, qui doivent selon Lahy « présenter les mêmes
qualités qu’un instrument de mesure physique », c’est-à-dire être à la fois fidèles et valides.
La validité du test désigne « la concordance entre le résultat des tests et le phénomène à
prévoir : la réussite professionnelle. Elle est exprimée par des coefficients de corrélation
appelés coefficients de validité ». Sa construction repose donc sur une comparaison entre des
indicateurs de succès professionnel et des tests construits à partir d’une analyse du travail.
Lahy demandait à la direction de l’entreprise de lui indiquer une dizaine d’employés réputés
très bons, puis une dizaine d’employés très mauvais et choisissait les tests les plus pertinents
en fonction des résultats de ces deux catégories aux tests. L’autre propriété des tests
permettant de garantir leur parfaite neutralité est la fidélité. Celle-ci est définie une fois encore
en référence à la science physique, modèle d’objectivité scientifique à atteindre par le
psychologue :
« Lorsqu’on a affaire à un instrument de mesure physique, on en exige certaines
qualités ainsi définies :
1°) L’exactitude
2°) La précision
3°) La sensibilité (la vitesse à laquelle il atteint la précision maxima)
4°) la stabilité (répondre aux variations sans se laisser influencer par d’autres
phénomènes et mesurer la même chose dans des conditions identiques).
5°) L’objectivité (les relevés effectués par deux observateurs différents sont
identiques).
Le test doit présenter l’ensemble de ces qualités. » 106
Pour répondre à ces exigences de rigueur, la production des tests doit être elle aussi
standardisée, ce qui est rendu possible par l’apparition d’entreprises de fabrication de tests à
la fin des années 1920. Hormis l’INOP, qui produit et diffuse les tests de Lahy, Piéron et
Laugier, une maison d’éditions de tests est créée en 1927 sous l’égide de Lahy et de son
assistant au laboratoire de la STCRP, Gaston Guyot : les EAP (établissements d’applications
psychotechniques). Cette entreprise se spécialise au départ dans la mise au point de tests
psychophysiologiques 107 , en vue de mettre au point des épreuves de sélection pour des
emplois manuels (conducteurs, dactylographes, aiguilleurs…). Les tests qui connaissent le
plus grand succès dans la période sont le « test d’attention diffusée de Lahy » (voir supra) et
106 AN-CAC, 19800284 art. 67, « Centre psycho-physiologique des chemins de fer de l’Etat »
107 On distingue habituellement les tests psychophysiologiques, ou psychomoteurs qui mettent principalement en
jeu des facultés physiologiques ou psychologiques (réaction à des stimuli externes visuels ou auditifs, force,
rapidité de réaction etc.) et les tests mentaux qui mettent en jeu des facultés de compréhension ou de
raisonnement logique. Les premiers supposent la mise au point d’appareillages alors que les seconds requièrent
simplement du papier et un crayon (test de QI par exemple), d’où leur dénomination fréquente de tests « papiercrayon
»
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