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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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laboratoires ne disposent ni <strong>des</strong> crédits, ni de cette relative autonomie qui est celle<br />

<strong>des</strong> laboratoires de la faculté voisine. C’est surtout le besoin de donner une certaine<br />

indépendance aux laboratoires qui explique la multiplication, pendant une certaine<br />

période, <strong>des</strong> instituts de psychologie, plus autonomes et plus souples » (Chateau,<br />

1966, p. 158).<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

L’image de la discipline n’est guère meilleure dans les Facultés de sciences, où l’on manifeste<br />

un « mépris de la psychologie, qui passe pour être un ensemble de vagues notions<br />

philosophico-scientifiques » (Soulairac, 1966, p. 161). Le certificat de psychophysiologie<br />

délivré par la faculté de sciences est d’ailleurs particulièrement difficile à obtenir pour les<br />

étudiants, dans la mesure où l’immense majorité d’entre eux ont suivi leurs deux années de<br />

« propédeutique » 47 dans les Facultés de lettres, et n’ont par conséquent reçu aucun<br />

enseignement scientifique. L’idée d’une « science humaine » ne semble donc satisfaire ni les<br />

purs « humanistes » de la Faculté <strong>des</strong> lettres, ni les rigoureux esprits scientifiques de la faculté<br />

<strong>des</strong> sciences, d’où un certain mépris à l’égard de la psychologie.<br />

(2) Les psychologues dans l’ombre <strong>des</strong> médecins<br />

La faculté de médecine et la licence de psychologie s’ignorent quant à elles<br />

superbement, les médecins voulant faire <strong>des</strong> psychologues de simples auxiliaires de<br />

médecine, à l’image <strong>des</strong> orthophonistes ou <strong>des</strong> psychomotriciens, rôle dans lequel les<br />

psychologues refusent de se voir enfermer 48 . Cette situation de relative subordination de la<br />

psychologie à la médecine est renforcée par le fait que, dès les années 1960, les étu<strong>des</strong> de<br />

psychologie accueillent un nombre important de « médecins contrariés », ayant échoué ou<br />

renoncé à entreprendre <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de médecine. L’enquête réalisée par Pierre Oléron en 1967<br />

auprès de 366 étudiants en psychologie de la Sorbonne est de ce point de vue très éloquente<br />

puisqu’elle montre que si « aucune contrainte n’avait pesé sur leur choix », les étudiants (plus<br />

particulièrement les filles) auraient prioritairement choisi la médecine, non la psychologie 49 .<br />

47 Futur DUEL, qui deviendra ensuite le DEUG. Cette situation se trouve modifiée par la réforme de 1967 qui<br />

impose le choix d’une discipline dès l’entrée à l’université<br />

48 Comme nous le verrons dans la section suivante, toute la stratégie de lutte menée par les associations<br />

professionnelles en faveur de la protection du titre dès 1950 a précisément consisté à mettre en avant les<br />

applications non thérapeutiques pour ne pas être classés parmi les "paramédicaux". Ainsi, les psychologues du<br />

travail ou de l’éducation, qui ne font pas partie <strong>des</strong> métiers du « soin », ont servi d’appui aux associations<br />

professionnelles pour éloigner les psychologues de la trop encombrante tutelle médicale. Cette stratégie explique<br />

en partie le fait que ce soit le titre générique de « psychologue » (et non de psychologue de telle ou telle<br />

spécialité) qui soit protégé par la loi de 1985, le flou autour de l’appellation permettant de maintenir une distance<br />

vis-à-vis de la médecine, tout en insistant sur « l’unité » de la science psychologique, application d’un même<br />

savoir dans différents registres pratiques. La position <strong>des</strong> associations de psychologues dans l’actuel débat sur les<br />

psychothérapies (amendement Accoyer) s’inscrit dans la lignée de cette stratégie puisqu’ils craignent que la<br />

protection de ce domaine d’activité ne les place dans un tête à tête avec les médecins.<br />

49 La question était formulée de la manière suivante : « Si votre choix n’était limité par aucune restriction (étu<strong>des</strong><br />

antérieures, longueur <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>, capacités personnelles etc.) vers quelle activité ou profession vous seriez vous<br />

orienté ? ». 30% <strong>des</strong> étudiants répondent qu’ils se seraient orientés vers la médecine, 26% qu’ils se seraient de<br />

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