Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
qui tient à l’absence d’un consensus au niveau national sur la nature des savoirs à transmettre
aux étudiants, en dépit des efforts de coordination des directeurs de DESS réunis au sein d’un
réseau 53 . Certains DESS, comme Paris X, Paris V ou Grenoble mettent l’accent sur les
enseignements de statistique et de psychométrie, qu’ils tentent de renouveler à partir des
progrès récents réalisés à l’étranger dans ce domaine (notamment aux Etats-Unis). Leurs
étudiants se destinent par conséquent à exercer principalement dans des fonctions de
recrutement ou d’évaluation d’adultes correspondant au domaine d’activité traditionnel des
psychologues du travail. D’autres formations (Nantes, Rouen, Rennes, Lille, Psychoprat)
insistent davantage sur les aspects de psychologie sociale et sur le diagnostic organisationnel,
avec l’ambition de former des consultants en organisation ou des cadres généralistes des
ressources humaines, de la formation et des relations interpersonnelles dans les organisations.
D’autres encore (Nancy, Paris VIII, Toulouse) placent leurs enseignements à la frontière de
l’ergonomie et de la psychologie du travail, cherchant à orienter leurs étudiants vers des
métiers de recherche appliquée dans le domaine de l’analyse des conditions de travail, de
l’analyse des systèmes socio-techniques ou de la conception d’outillages. D’autres formations
sont enfin davantage tournées vers la psychodynamique et la psychopathologie du travail
(CNAM) et ambitionnent de former des spécialistes de la gestion du stress et de la fatigue en
entreprise. Ces différentes orientations se cristallisent dans l’appartenance à des réseaux de
recherche différents. La principale association savante, l’AIPTLF (Association Internationale
de Psychologie du Travail de Langue Française) cherche à promouvoir une psychologie
sociale proprement « française », mais apparaît de ce fait peu ouverte aux travaux étrangers.
Créée par Goguelin en 1978 dans le but de faire obstacle à l’emprise de l’anglais sur la
psychologie du travail 54 , cette association édite une revue francophone (Psychologie du
travail et des organisations) et organise régulièrement des congrès. L’association se
caractérise par une faible ouverture en direction de l’ergonomie, de la psychologie
différentielle et de façon plus générale en direction d’une psychologie trop formalisée ; elle
est en revanche très tournée vers la sociologie, la psychosociologie et la recherche-action,
dans la lignée des travaux de Goguelin. La principale concurrente de l’AIPTLF est l’ENOP
(European Network of Work and Organizational Psychology), qui tente de promouvoir un
renouveau de la psychologie différentielle à partir d’une analyse plus fine des processus
52 Instituts d’Administration des Entreprises
53 Un ouvrage portant sur les métiers de la psychologie du travail vient d’être publié par les membres de cette
association, sous la direction de COHEN-SCALI (2004).
54 Entretien n°49 avec Pierre Goguelin, ancien titulaire de la chaire de psychologie du travail au CNAM et
fondateur de l’AIPTLF.
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