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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

décret l’opportunité d’organiser un enseignement de psychologie enfin affranchi de la tutelle<br />

de la philosophie. Le projet est soutenu par Henri Delacroix et Georges Dumas, alors tous<br />

deux professeurs de psychologie à la Faculté <strong>des</strong> Lettres ainsi que Pierre Janet, titulaire de la<br />

chaire de "psychologie expérimentale et comparée" au Collège de France. L’Institut de<br />

Psychologie, qui voit le jour en 1921, a toutes les apparences d’un « bricolage »<br />

institutionnel : il ne dispose pas de locaux ni de personnel propres et peut simplement<br />

s’appuyer sur les enseignements existants délivrés par d’autres établissements universitaires.<br />

Il dispose par ailleurs d’un budget réduit lui permettant de faire venir <strong>des</strong> conférenciers et<br />

d’organiser les sessions d’examen. Le secrétariat de l’Institut, assuré par Ignace Meyerson, est<br />

fixé dans le laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne, dont Piéron avait pris la<br />

direction à la mort de Binet en 1911. On voit donc que l’Institut, bien que dépendant<br />

officiellement de l’Université de Paris, se développe dans une certaine précarité<br />

institutionnelle et avec <strong>des</strong> moyens très faible. Signe de cette marginalité, son conseil de<br />

direction est composé de personnes provenant d’horizons divers : Henri Piéron, alors<br />

directeur du laboratoire de psychologie de la Sorbonne, Henri Delacroix et Georges Dumas,<br />

professeurs à la Sorbonne, Etienne Rabaud, professeur de biologie à la Faculté <strong>des</strong> Sciences et<br />

Pierre Janet, professeur au Collège de France. L’organisation <strong>des</strong> cours est elle aussi rendue<br />

complexe par le fait que la psychologie se situe au carrefour de différentes disciplines et ne<br />

correspond à aucun enseignement socialement reconnu. Ainsi, la création d’un département<br />

de psychologie à la Sorbonne, sur le modèle de ceux qui avaient vu le jour aux Etats-Unis et<br />

en Allemagne avant 1914 est totalement impensable 51 . C’est donc à la marge de l’université<br />

que la psychologie pourra se développer. Trois sections sont créées au sein de l’Institut,<br />

conduisant chacune à un diplôme spécifique. Chacun de ces diplômes pouvait être préparé<br />

séparément, sans condition d’accès (le baccalauréat n’était pas obligatoire) et demandait au<br />

moins un an d’étu<strong>des</strong>. La première section de l’Institut est celle de « psychologie générale »<br />

dont le socle est constitué par le cours d’Henri Delacroix à la Sorbonne, auquel viennent<br />

s’adjoindre les cours de psychologie pathologique de Janet au Collège de France et les cours<br />

de psychologie physiologique de Piéron. La seconde section (« psychologie pédagogique »)<br />

regroupe les enseignements de Théodore Simon (l’ancien collaborateur de Binet) et d’Henri<br />

51 JAMOUS et PELOILLE (1971) montrent également bien la difficulté d’introduire <strong>des</strong> innovations scientifiques<br />

dans les facultés de médecine au cours de la première moitié du XX e siècle, compte tenu de la structure figée <strong>des</strong><br />

chaires et de la domination du paradigme clinique. Ce n’est donc qu’à la marge que les innovations pourront voir<br />

le jour, au sein <strong>des</strong> laboratoires de biologie et physiologie du CNRS à partir <strong>des</strong> années 1930. Ces évolutions ne<br />

pourront s’institutionnaliser que par un véritable « tour de force » : la réforme Debré de 1958, qui institua les<br />

Centres Hospitalo-Universitaires.<br />

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