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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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comportement de la psychologue abusif dans la mesure où celle-ci n’avait pas<br />

suffisamment distingué dans ses activités celle de conseiller en insertion de celle de<br />

psychanalyste.<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

En lien direct avec cette question de l’autonomie individuelle, on s’aperçoit que l’une<br />

<strong>des</strong> composantes commune à la plupart <strong>des</strong> techniques de conseil en emploi ou en autoorientation<br />

31 est de s’appuyer sur l’idée d’un "contrat" passé entre le psychologue et le<br />

"consultant". On peut ainsi lire, à propos de l’"entretien de conseil de carrière" théorisé par<br />

Bordin (1979) que « l’établissement d’une "alliance de travail" entre le conseiller et le<br />

consultant est une condition nécessaire au succès de la démarche ». De même le modèle de<br />

Robert Manthei (1997) insiste sur la nécessité d’« informer le consultant <strong>des</strong> qualifications du<br />

conseiller, <strong>des</strong> techniques qu’il utilise, de l’organisation matérielle <strong>des</strong> rendez-vous, <strong>des</strong><br />

modalités pour entrer en contact avec lui ». L’échange doit se faire dans la plus complète<br />

transparence, l’objectif étant de « construire une relation basée sur la confiance réciproque ».<br />

L’AFPA et l’ANPE généralisent aujourd’hui cette idée en demandant à leurs psychologues et<br />

conseillers professionnels de « passer un contrat » dès le premier entretien avec les personnes<br />

rencontrées. Cette idéologie du contrat traduit la volonté d’inscrire la relation entre conseiller<br />

et consultant dans un cadre purement interindividuel, et de mettre en suspens les ressources<br />

sociales <strong>des</strong> deux acteurs, niant ainsi le caractère social de l’acte d’orientation. Car qu’est-ce<br />

qu’un contrat ? Un engagement entre deux individus qui repose uniquement sur la libre<br />

volonté <strong>des</strong> deux individus. Or on sait, comme l’écrivait Durkheim, que « tout n’est pas<br />

contractuel dans le contrat » car d’une part les individus ne sont que rarement égaux face au<br />

contrat (contrat de travail, contrat administratif) et que « partout où il existe, il est soumis à<br />

une réglementation qui est l’œuvre de la société », qui est précisément le poids de la structure<br />

sociale s’exerçant sur les consciences individuelles. Une approche "psychothérapeutique" de<br />

l’orientation professionnelle n’est donc possible que dans un cadre qui pose comme postulat<br />

que les individus sont <strong>des</strong> être indépendants et autonomes, pleinement maîtres de leur <strong>des</strong>tin.<br />

(2) L’autonomie du psychologue<br />

En deuxième lieu, le développement de nouveaux outils issus de la psychothérapie a<br />

<strong>des</strong> conséquences sur les modèles de professionnalisation de la psychologie du travail. On<br />

passe d’un modèle de la "science appliquée", où le savoir-faire du psychologue était<br />

objectivable et transmissible selon <strong>des</strong> critères rationnels, à un modèle comportemental, où le<br />

psychologue se caractérise par un "savoir-être" et un ensemble de virtualités personnelles. On<br />

31 Le lieu n’est pas ici de faire un panorama complet de ces techniques, décrites en détail dans GUICHARD et<br />

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