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B. MALAISE DANS LA PROFESSION : LA GESTION DE L’IDENTITE PROFESSIONNELLE
DES PSYCHOLOGUES DU TRAVAIL
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Jusqu’à présent, nous nous sommes surtout attaché à décrire d’une part les
segmentations internes à la profession de psychologue du travail (chapitre V) et d’autre part le
sens que pouvait prendre la psychologisation croissante des questions de travail et d’emploi
dans la société (supra). La section précédente nous invite à revenir sur les pratiques des
psychologues du travail et à nous interroger sur la manière dont ils gèrent le dilemme qui est
au cœur de leur travail entre une logique d’aide à autrui et une logique d’étiquetage et de
catégorisation des personnes. Comment les psychologues vivent-ils au quotidien cette
contradiction ? Comment peuvent-ils occuper ces deux rôles, simultanément ou
successivement, et quelles stratégies d’accommodement mettent-ils en place pour résoudre
cette contradiction dans le face à face avec le client ? La modélisation de la situation de travail
des psychologues nous permettra de mieux comprendre ces difficultés et ses répercussions sur
la construction de la juridiction de la profession. Dans un premier temps, nous tentons de
modéliser la situation d’évaluation, en la situant notamment par rapport aux autres champs
d’application de la discipline (psychologie clinique et psychothérapie). Nous nous appuyons
pour cela sur la distinction faite par Hughes entre « travail pour autrui » et « travail sur
autrui », qui offre un cadre théorique pertinent pour aborder ces questions. Dans un second
temps, nous montrons la tension croissante entre ces deux dimensions, due à l’emprise des
organisations sur les pratiques professionnelles des psychologues, notamment dans le champ
de l’aide à l’orientation professionnelles. Les transformations récentes du service public de
l’emploi placent en effet les psychologues dans une situation de plus en plus difficile à tenir
dans la mesure où, comme beaucoup de professions de service aux personnes (enseignants,
médecins, travailleurs sociaux…), ils sont enjoints de produire des résultats tangibles et de
rendre des comptes à travers des résultats comptables. Nous nous appuierons notamment ici
sur l’examen des transformations en cours à l’AFPA depuis une dizaine d’années, qui sont
selon nous symptomatiques d’évolutions plus générales du champ de l’orientation
professionnelle. Cette enquête nous conduira finalement à nous interroger sur les éventuels
contrepoids que la profession peut mettre en place pour contrer l’emprise des organisations et
maintenir son indépendance dans les situations d’orientation. De ce point de vue, sa faible
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