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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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iochimiques et biophysiques, ainsi le psychologue compare et rapproche les résultats <strong>des</strong><br />

tests en fonction d’un certain système de références » (Pacaud 1953, p. 193). Pour reprendre<br />

l’opposition de Halliday (1987) présenté dans le chapitre I, le « mandat cognitif » (Knowledge<br />

mandate) <strong>des</strong> psychologues était de nature essentiellement scientifique. En s’ouvrant à la<br />

psychosociologie et aux diverses pratiques d’« intervention » en entreprise, le psychologue<br />

perd sa position de neutralité vis-à-vis <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> <strong>des</strong> directions puisqu’on lui demande<br />

d’agir et non plus simplement de formuler un diagnostic. Son rôle devient dès lors<br />

éminemment ambigu :<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

«Comme dans la famille et à l’école, au travail aussi on nous demande de conseiller,<br />

d’orienter, de consoler. Qui autrefois dans la société était chargé d’un rôle pareil ?<br />

Qui avant nous assumait la tâche du psychologue ? L’analogie est trop évidente<br />

pour qu’elle ne frappe pas l’esprit. Dans ce siècle où défaille l’influence <strong>des</strong><br />

religions, on cherche <strong>des</strong> prêtres civils pour guider les hommes. Et pour accomplir<br />

<strong>des</strong> tâches d’une si noble et si haute responsabilité, on nous propose de dépendre<br />

d’un quelconque chef d’une quelconque entreprise ? Allons, c’est une plaisanterie<br />

que cela ! Les psychologues d’autrefois, les pasteurs d’hommes, dépendaient de<br />

Dieu ! Nous voulons ne dépendre que de la Science ! » (Pacaud, 1953, p. 195).<br />

Malgré les réserves émises par Pacaud vis-à-vis de ce tournant pris par la discipline,<br />

il est certain que les bases expérimentales de la psychotechnique apparaissent fragilisées vers<br />

le milieu <strong>des</strong> années 1950 et que tout pousse les psychotechniciens à se tourner vers de<br />

nouvelles activités. Il y a tout d’abord le constat, déjà évoqué, de la faible validité <strong>des</strong> tests,<br />

compte tenu de la difficulté à obtenir <strong>des</strong> données fiables sur <strong>des</strong> critères de « réussite<br />

professionnelle » <strong>des</strong> travailleurs. Dans un ouvrage célèbre, Ghiselli et Brown (1948) font<br />

apparaître que les coefficients de corrélation entre une tâche et un test atteignent rarement <strong>des</strong><br />

niveaux supérieurs à 0.5, soit une capacité de prédiction très faible. Pour résoudre ce<br />

problème, Pacaud invite les psychotechniciens à construire eux-mêmes les données sur la<br />

réussite professionnelle, à partir de leurs propres observations de terrain, ce qui est rarement<br />

possible compte tenu <strong>des</strong> contraintes du travail quotidien en entreprise, qui interdit souvent de<br />

se livrer à <strong>des</strong> travaux de recherche approfondis. Les exigences de productivité immédiate <strong>des</strong><br />

services psychotechniques se prêtent mal à ce type de recherches fondamentales, d’autant plus<br />

qu’une application canonique <strong>des</strong> tests voudrait que ceux-ci soient réadaptés, « ou même tout<br />

à fait modifiés (…) à chaque changement du mode de travail », même en apparence les plus<br />

insignifiants.<br />

C’est là précisément que réside le second problème : la psychotechnique a connu un<br />

succès très rapide dans la décennie 1945-1955, ce qui a conduit nombre d’entreprises à<br />

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