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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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d’exposer. Sous d’autres aspects, les psychologues et les sociologues se révèlent très<br />

éloignés : leurs catégories de pensée s’inscrivent dans <strong>des</strong> registres opposés et à certains<br />

égards inconciliables. Alors que les premiers ont tendance à rapporter les actes individuels à<br />

une histoire individuelle ou à une structure psychique générale, les seconds pensent au<br />

contraire qu’elles ne peuvent être comprises qu’en lien avec un ensemble de déterminations<br />

sociales. Le risque est donc grand pour le sociologue de ne pas entrer dans la spécificité du<br />

raisonnement psychologique, ou de n’en effleurer que la surface. En étudiant les<br />

psychologues, le sociologue se trouve aussi confronté à l’arbitraire de sa propre socialisation<br />

et à ce que son propre mode de raisonnement laisse toujours dans l’ombre.<br />

a) Des disciplines sociologiquement proches<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Examinons d’abord les proximités sociologiques entre psychologie et sociologie au<br />

point de vue de leur place dans l’université. Qu’il s’agisse <strong>des</strong> enquêtes d’insertion du<br />

CEREQ (Charlot, 1989 ; Martinelli, 1994) ou du discours de certains enseignants 28 , les deux<br />

disciplines sont souvent présentées comme <strong>des</strong> "sœurs jumelles", <strong>des</strong> produits typiques de<br />

l’université de masse qui susciteraient un faible investissement de la part de leurs étudiants,<br />

davantage portés à préparer l’IUFM qu’à s’engager dans la voie professionnelle à laquelle<br />

elles préparent en théorie. On aurait donc affaire dans les deux cas à <strong>des</strong> disciplines « de<br />

passage » faiblement professionnalisées, abritant un « nouveau public étudiant » aux<br />

propriétés anomiques (faible investissement dans la vie étudiante, faible identification à la<br />

discipline ou au corps enseignant etc.). Les statistiques viennent en partie corroborer ce<br />

constat. La psychologie et la sociologie se situent dans le peloton de queue <strong>des</strong> disciplines<br />

universitaires du point de vue de la trajectoire scolaire antérieure de leurs étudiants. Ceux-ci<br />

accèdent en moyenne à l’université à un âge plus avancé que ceux <strong>des</strong> autres disciplines et<br />

proviennent souvent <strong>des</strong> filières les moins sélectives du lycée, notamment <strong>des</strong> voies<br />

technologiques tertiaires 29 . Il y a également, dans ces deux disciplines, un poids important <strong>des</strong><br />

DEUG par rapport aux second et troisième cycle : la moitié environ <strong>des</strong> étudiants arrêtent<br />

leurs étu<strong>des</strong> à ce niveau et ne deviendront donc jamais de "vrais" sociologues ou<br />

psychologues.<br />

27 Voir sur cette question BOURDIEU (1972)<br />

28 Voir par exemple CIBOIS (1998, p. 4) : « La venue en sociologie (ou en psychologie) est possible pour tout<br />

bachelier qui n’a pas pris de filière sélective (…) La sociologie se trouve en première ligne pour l’accueil de<br />

ceux qui n’ont guère trouvé de place plus prestigieuse dans une université de masse ».<br />

29 Voir sur ce point le graphique III-2 (annexe 3) établi à partir <strong>des</strong> sortants de premier, deuxième et troisième<br />

cycle de l’enquête « Génération 98 » (Céreq).<br />

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