Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

L’autre difficulté rencontrée par ces "forteresses" traditionnelles de la psychologie du
travail vient de la concurrence croissante qu’elles subissent de la part de psychologues
exerçant le même type d’activité en dehors de la Fonction publique et sous des statuts
beaucoup plus précaires, comme nous allons le voir à présent.
d) Classe n°4 : Les "précaires" du secteur de l’orientation, de la
formation et de l’insertion
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Ce dernier groupe est certainement celui qui est le plus représentatif des
transformations du champ de l’orientation et de l’insertion au cours de ces vingt dernières
années. Il occupe une place numériquement importante dans l’ensemble de notre population
puisqu’il regroupe 30,9 % des répondants, soit un peu moins que la classe n°1. Il semblerait
que ce soit à partir de la seconde moitié des années 1980 que les débouchés pour les
psychologues du travail dans ce secteur se soient généralisés. En effet, l’enquête menée
auprès de 70 diplômés de psychologie du travail par un membre de la SFP en 1982 ne le
mentionnait pas encore comme l’un des débouchés possibles à l’issue des études de
psychologie du travail 76 . Les trois principales activités mises en évidence par cette enquête
étaient liées à la formation continue (68 % des répondants) ; aux tâches de diagnostic,
sélection et orientation (60 %) et à la gestion du personnel (29 %) 77 . La majorité de ces
psychologues exerçaient encore soit dans des activités de gestion du personnel en entreprise,
de conseil en recrutement, soit dans les services de psychologie appliquée des services publics
et administrations (La Poste, RATP, AFPA, SNCF, Armée…). Les activités de réinsertion des
chômeurs ne figuraient pas en revanche parmi les activités déclarées par ces psychologues.
Quinze ans plus tard, une enquête menée par deux enseignants en psychologie auprès de
titulaires d’un DESS de psychologie du travail révélait qu’environ 35 % de la population
enquêtée occupait un emploi dans le secteur de l’insertion, du bilan, ou de l’orientation
professionnelle 78 , signe de l’extrême rapidité à laquelle s’est développé ce secteur.
L’année 1981 apparaît de ce point de vue comme une année charnière, en raison de
la recomposition profonde du paysage de l’orientation consécutive aux nouvelles mesures de
lutte contre le chômage. A partir de cette date, la montée du chômage est perçue comme un
phénomène durable et l’on prend conscience que la gestion "frictionnelle" réalisée par les
opérateurs traditionnels de l’emploi à l’échelon national (ANPE et AFPA) est une réponse
76 Voir MOULIN (1982) : « Psychologues du travail, que faites-vous ? »
77 Les réponses multiples étaient possibles.
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