Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
seulement que les phénomènes mentaux peuvent être identifiés en termes de fonctions
distinctes, qui ne participent pas toutes également à chacune des choses que fait l’esprit (…)
aucune hypothèse n’est faite sur la nature de ces fonctions, qu’elles soient innées ou acquises,
qu’elles aient ou non des localisations cérébrales ».
Les principaux facteurs mis en évidence par l’analyse factorielle mettent en jeu les
capacités de calcul arithmétique simple ("facteur numérique"), la maîtrise du langage
("facteur verbal"), la capacité de manipulation mentale d’objets dans l’espace ("facteur
spatial"), la capacité de repérer des règles ou principes généraux dans une suite de données
("facteur de raisonnement"). La mise en évidence de ces différentes dimensions présente un
double avantage : par rapport à la méthode empiriste elle permet d’éviter de formuler des
hypothèses a priori sur la nature des aptitudes humaines, s’éloignant ainsi de la vieille
doctrine des "facultés" issue de la psychologie classique (l’esprit, le jugement, le
raisonnement etc.). Par rapport à la méthode analytique, elle limite le champ des facteurs à
explorer : il y a un nombre fini de facteurs qui interviennent (dans des combinaisons
différentes) dans toutes les activités professionnelle, ce qui permet l’industrialisation de la
méthode. Il n’est plus nécessaire de construire un test spécifique pour chaque activité
professionnelle : les mêmes tests vont être utilisés, avec des pondérations différentes, dans
toutes les professions. Ainsi, à la floraison de tests qui avaient vu le jour dans les années
1930, se substitue un nombre plus limité d’épreuves "papier-crayon", visant chacune à
mesurer des « facteurs généraux » différents : test des "matrices de Raven" pour l’intelligence
concrète (créé en 1938), test des dominos (« D-48 ») pour l’intelligence générale (créé en
1948), Batterie de Bonnardel (BV 16), pour la compréhension logique (créée en 1950). Il faut
signaler également, parmi les tests les plus couramment utilisés à partir des années 1950 le
TIG (Test d’intelligence générale), dérivé du test « Matrix », utilisé par l’Armée britannique
pendant la seconde guerre mondiale.
Une nouvelle entreprise spécialisée dans la traduction des tests américains vient
concurrencer les EAP sur le marché des tests en 1946 : les ECPA (éditions du centre de
psychologie appliquée). Au départ simple cabinet de conseil en organisation et en psychologie
industrielle créé par l’ingénieur André Vidal (1908-1984), les ECPA développent rapidement
un service d’édition et de vente de tests qui emploiera quelques psychologues de renom
(Pierre Pichot, Pierre Rennes, Maurice de Montmollin…). L’évolution des publications
scientifiques témoigne bien de cette nouvelle orientation prise par la psychotechnique. Dans
aptitudes humaines.
206