Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

« Si l’on ne parle plus beaucoup des tests, on continue cependant d’en utiliser, mais
de moins en moins. En même temps que l’on parle davantage de formation des
choix professionnels, on pratique davantage l’entretien. Ces évolutions nous
paraissent indiquer à la fois le déclin du modèle classique de l’orientation et
l’émergence d’un nouveau modèle ». (Huteau, 1984, p. 456).
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Les services psychotechniques de l’ANIFRMO connaissent sensiblement la même
évolution dans les années 1960, puisque à partir de cette date la psychologie sociale et la
psychologie clinique s’intègrent à la pratique quotidienne des psychotechniciens. L’évolution
des services entre leur création et le milieu des années 1960 est retracée dans un rapport sur
les « services de psychologie appliquée de l’AFPA », rédigé par les directeurs régionaux des
services psychotechniques à la demande du Ministère des Affaires Sociales en octobre 1967 23 .
Le rapport, qui s’inscrit dans le contexte d’un projet de transfert des psychologues de l’AFPA
vers l’ANPE nouvellement créée (voir supra), rappelle d’abord la philosophie qui a guidé les
pratiques d’orientation au sein de l’ANIFRMO puis de l’AFPA, depuis 1945 et le lien étroit
qu’elles ont entretenu avec la méthode des tests.
« La méthode FPA se caractérisait depuis 1945 (…) par la détermination des
capacités personnelles des candidats à la formation, pour ne retenir que ceux dont le
niveau de capacités correspondrait aux exigences de la formation (…) ce principe
aboutissait à une véritable sélection des candidats, d’où le nom de sélectionneurs
donné aux spécialistes chargés de cette opération ».
Très rapidement, les psychotechniciens « élargissent la notion étroite et inhumaine de
sélection » vers de nouveaux domaines : « action psychopédagogique dans les centres de
formation pour diminuer le nombre des échecs, étude des attitudes, amélioration du
fonctionnement des groupes de travail, ergonomie, formation des agents de maîtrise et des
Cadres, amélioration du « moral » de l’entreprise etc. ». Cet élargissement est favorisé par les
demandes croissantes qui sont adressées aux psychologues de l’AFPA par les services de la
main-d’œuvre du Ministère du Travail d’une part (notamment pour le reclassement des
travailleurs handicapés ou le recrutement de chômeurs vers des emplois de sécurité : caristes,
grutiers, pontonniers etc.) ; par les milieux industriels d’autre part, dans le cadre d’opérations
de recrutement ou d’interventions psychosociologiques en entreprise : « Ainsi, parce que les
centres psychotechniques sont bien connus des milieux professionnels dans les régions où ils
sont implantés, parce qu’ils demeurent souvent le seul organisme de psychologie du travail
spécialisé pour adultes, les utilisateurs sont de plus en plus nombreux : Ministères,
aux personnes » fait « tout à fait partie de leur travail » ; 75 % évoquent la mission d’« information » et 38 %
celle de « soutien psychologique ». La détection des aptitudes ou la passation des tests ne sont en revanche pas
mentionnés (MEN, 1997).
23 AN-CAC Fontainebleau 19760129 art. 6, dossier 3.0.6., « Avenir des services de psychologie appliquée de
l’AFPA ».
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