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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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savoir, fortement balkanisée, déchirée par ses tensions internes et en lutte constante avec <strong>des</strong><br />

groupes professionnels adjacents pour faire reconnaître la spécificité de son territoire.<br />

ANALYSER LES RELATIONS ENTRE UN GROUPE PROFESSIONNEL ET L’EMERGENCE D’UN<br />

NOUVEAU REGARD SUR LE MONDE SOCIAL<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Comment alors aborder un objet aussi fuyant et mal défini ? Comment une sociologie<br />

<strong>des</strong> psychologues peut-elle être écrite et que peut-elle nous apprendre de façon plus large sur<br />

la psychologisation <strong>des</strong> rapports sociaux ? Comment le savoir psychologique est-il apparu,<br />

comment s’est-il diffusé dans différents domaines de la vie sociale et quel a été le rôle <strong>des</strong><br />

acteurs professionnels de la psychologie dans ce mouvement ? De telles interrogations<br />

supposent d’aller au-delà <strong>des</strong> analyses traditionnellement menées en sociologie <strong>des</strong><br />

professions, qui se limitent trop souvent à la thèse du « monopole économique ». Selon cette<br />

thèse, la question macro-sociale soulevée par les professions serait la manière dont celles-ci<br />

cherchent à construire puis défendre un monopole sur un domaine donné de la vie sociale. La<br />

fermeture d’un marché du travail, la construction et le maintien d’une rente, susceptible<br />

d’apporter aux membres du groupe <strong>des</strong> ressources économiques et symboliques, forment le<br />

centre de l’analyse. Une telle perspective relève d’une approche purement « externaliste » <strong>des</strong><br />

professions, au sens où l’entend Canguilhem à propos <strong>des</strong> sciences, c’est-à-dire une « façon<br />

d’écrire l’histoire <strong>des</strong> sciences en conditionnant un certain nombre d’évènements par leurs<br />

rapports avec <strong>des</strong> intérêts économiques et sociaux, avec <strong>des</strong> exigences ou <strong>des</strong> pratiques<br />

techniques, avec <strong>des</strong> idéologies religieuses ou politiques » 14 . On pourrait ainsi faire une<br />

sociologie <strong>des</strong> médecins sans parler de la santé ni de la médicalisation de la société, une<br />

sociologie <strong>des</strong> avocats sans parler de la judiciarisation de la société, et une sociologie <strong>des</strong><br />

<strong>ingénieurs</strong> sans parler du rôle de ces derniers dans la rationalisation et la diffusion de l’esprit<br />

technique. Notre ambition est de sortir de ce schéma pour nous pencher sur les savoirs<br />

psychologiques en eux-mêmes, leurs mo<strong>des</strong> de construction, leurs déplacements au fil du<br />

temps et montrer leur articulation avec un groupe professionnel qui leur donne une résonance<br />

et <strong>des</strong> applications sociales. L’histoire de la psychologie n’est pas faite d’un mouvement<br />

unilinéaire et indéfini vers la clôture sociale et le contenu de la « science psychologique »<br />

n’était pas inscrit dès le départ dans le projet professionnel du groupe. Les voies d’application<br />

inabouties ou abandonnées ont été nombreuses et le mandat s’est élargi et rétréci au gré de la<br />

14 CANGUILHEM (1994 [1968], p. 15).<br />

12

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