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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

gestion du stress au travail, qui connaissent actuellement un développement important compte<br />

tenu de l’enjeu politique soulevé par ce problème. Elle se manifeste aussi dans d’autres<br />

champs actuellement en développement, comme la psycho-gérontologie, où l’on constate un<br />

décalage croissant entre les préoccupation <strong>des</strong> chercheurs (centrées sur les question de<br />

cognition et de neuropsychologie) et celles <strong>des</strong> praticiens, pour lesquels existe une demande<br />

sociale de plus en plus forte. On voit donc se <strong>des</strong>siner une coupure très forte entre la<br />

psychologie professionnelle, à dominante clinique, et une recherche en psychologie qui<br />

bascule progressivement dans le giron <strong>des</strong> neurosciences. Cette évolution peut à terme<br />

affecter la légitimité de praticiens qui appuient leurs revendications de monopole sur la<br />

possession d’une expertise technique spécifique. Nombre d’enseignants-chercheurs craignent<br />

aujourd’hui que la professionnalisation de la psychologie ne se fasse au détriment <strong>des</strong> critères<br />

universitaires. Comme le soulignait au cours d’un entretien un professeur d’Université : « le<br />

partage du pouvoir dans les universités entre cliniciens et cognitivistes est de plus en plus<br />

clair. D’un côté, il y a les enseignants de clinique qui ont presque le monopole de la formation<br />

<strong>des</strong> étudiants ; de l’autre les enseignants de psychologie cognitive qui ont la légitimité<br />

scientifique et publient dans les revues prestigieuses, mais qui n’ont presque aucun contact<br />

avec les étudiants » 10 . Ces débats autour du statut scientifique de la psychologie (science<br />

exacte ou science humaine) se trouvent accentués par une scission institutionnelle de la<br />

psychologie entre l’Université et le CNRS. A l’université, elle est en général située dans le<br />

champs <strong>des</strong> lettres et sciences humaines, qui forment les futurs praticiens, alors qu’au CNRS,<br />

elle relève du secteur <strong>des</strong> sciences de la vie. Cette disparité croissante entre chercheurs d’un<br />

côté et praticiens de l’autre est lourde de conséquences pour l’avenir de la discipline, le risque<br />

étant celui d’une autonomisation progressive de la profession vis-à-vis d’une recherche<br />

devenue trop ésotérique et coupée <strong>des</strong> situations professionnelles concrètes.<br />

L’autre question cruciale pour l’avenir de la psychologie concerne la place de l’Etat<br />

dans le projet professionnel <strong>des</strong> psychologues. Comme on a essayé de le montrer à partir de<br />

l’exemple de la psychologie du travail, ce segment de la discipline a pu se professionnaliser à<br />

travers la mise en place d’une politique publique d’orientation et de formation<br />

professionnelle, dont elle apparaissait comme l’alliée naturelle. La psychologie du travail<br />

illustre de ce point de vue un modèle plus général de professionnalisation de la psychologie<br />

au sein de l’Etat dont on trouve d’autres exemples dans le champ éducatif, de la justice ou de<br />

la santé. L’institutionnalisation de la psychologie en différentes spécialités depuis les années<br />

la science économique dans les années 1980, et s’aligne de plus en plus sur le modèle <strong>des</strong> « sciences dures ».<br />

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