Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

études caractérielles, et le recours aux seules méthodes "scientifiquement valides" issues de la
physiologie ou de la psychologie expérimentale :
« Les méthodes que nous proposons d’appliquer sont celles qui ont été mises au
point par les maîtres de la psychologie expérimentale française – JM Lahy, H
Laugier, H Piéron, H Wallon – et qui sont enseignées à l’Institut de Psychologie de
la Sorbonne et à l’INOP. Ces méthodes sont employées dans de grandes entreprises
telles que Peugeot, Renault, la STCRP, l’Usine St Jacques, nous les avons nous
mêmes utilisées au laboratoire de sélection des Chemin de fer de l’Etat, à l’école de
l’air de Versailles, dans des usines d’armement en 1939-1940 »
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Le projet envisage par ailleurs de diviser le service en six sections comprenant entre
autres une section « d’adaptation des méthodes étrangères », dirigée par Fessart, Morali,
Maucorps et Stoetzel, destinée à faire connaître au public français les tests des armées
américaines et britanniques qui avaient fait leurs preuves pendant la guerre, et une section de
« création de tests » (Fessart, Morali, Maucorps et Sallou) visant à étudier les différentes
spécialités professionnelles de l’Armée et à mettre au point des tests appropriés. Le statut de
psychotechnicien s’organise également au sein du Ministère du Travail, mais sur des bases
sensiblement différentes de celles qui animent l’APPD, comme nous allons le voir à présent.
2. Le modèle militant : le syndicalisme psychotechnicien au tournant des
années 1950
Comme le modèle précédent, le modèle "militant" conçoit la professionnalisation de
la psychotechnique en liaison étroite avec les pouvoirs publics, qui seuls peuvent garantir la
neutralité des procédures d’orientation et de sélection mises en œuvre et permettre leur
indépendance vis-à-vis des demandes patronales. Dans cette perspective, la psychotechnique
doit être mise au service des travailleurs, et son développement sur un marché "libre" de
services est a priori perçu comme suspect, dans la mesure où elle ne la met pas toujours à
l’abri des pressions extérieures. Mais, alors que dans le modèle précédent l’accent était mis
sur la rigueur des méthodes scientifiques et la proximité avec le monde académique, c’est ici
l’engagement politique qui passe au premier plan : la psychotechnique doit être un vecteur de
progrès et de promotion sociale pour les travailleurs. Il est intéressant de noter qu’entre 1945
et 1950, la psychotechnique fait l’objet d’un assentiment assez général parmi les syndicats,
qui n’y voient pas une méthode de sélection taylorienne mais au contraire un outil équitable,
qui permet aux ouvriers ayant un faible niveau scolaire initial d’accéder à des emplois
d’ouvrier professionnel (OP) ou qualifié (OQ). La CGT, en particulier, nourrit l’espoir d’une
promotion massive d’OS vers les postes d’ouvriers qualifiés dont a besoin l’industrie ; elle
49 Arch. Piéron, 520 AP 14 « services psychotechniques de l’Armée 1944-1945 »
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