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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

majoritairement composée d’expérimentalistes 89 , la psychologie doit avant tout conserver le<br />

caractère d’une science. Elle ne peut donc s’exercer en toute rigueur que dans le cadre de<br />

certaines structures offrant <strong>des</strong> garanties minimales, comme le secteur hospitalier ou<br />

éventuellement l’Education nationale. Conformément à ce point de vue, la psychologie est<br />

vue comme un édifice fondé sur <strong>des</strong> règles rationnelles qui se déploient dans différentes<br />

sphères pratiques : Santé, Education, Travail etc. L’expression de « psychologie clinique » ou<br />

de « psychologue clinicien » pose donc problème puisqu’elle désigne tout à la fois un<br />

domaine d’application de la science psychologique (applications pathologiques en milieu<br />

hospitalier principalement) et une méthode particulière, un nouveau paradigme, qui vient<br />

mettre en question l’unité de la science psychologique. Pour la SFP et la plupart <strong>des</strong><br />

universitaires, le débat est tranché de façon univoque : la « psychologie clinique », est un<br />

simple domaine d’application qui se confond avec les applications thérapeutiques. Le<br />

professeur Paul Fraisse, actif au sein de la SFP pendant de nombreuses années, exprime<br />

clairement ce point de vue :<br />

« Les psychologues cliniciens sont appelés à travailler en collaboration avec <strong>des</strong><br />

médecins dans les différents hôpitaux, dans les consultations d’hygiène mentale et<br />

dans les services psychopédagogiques, c’est à dire en tant que praticiens d’un<br />

domaine déterminé » (Fraisse, 1966, p. 169)<br />

La SFP s’oppose donc à la tendance qui voudrait voir dans la psychologie clinique<br />

une « méthode » ou une « attitude spécifique » <strong>des</strong>tinée à s’appliquer dans une multitude de<br />

domaines comme le conseil, l’orientation, le soutien thérapeutique, la formation etc. car les<br />

garanties de sérieux scientifique peuvent difficilement y être respectées. Ainsi, si la SFP est<br />

favorable à ce que le statut <strong>des</strong> psychologues du secteur hospitalier soit consolidé vis-à-vis de<br />

celui <strong>des</strong> médecins, ils souhaitent à tout prix éviter que l’obtention d’un statut ne favorise un<br />

développement "anarchique" de la profession dans d’autres secteurs, ceci dans un contexte où<br />

les thérapies « new age » venues de la côte ouest <strong>des</strong> Etats-Unis commencent à s’implanter en<br />

France et risquent de compromettre l’unité de la psychologie. La psychologie ne pourrait se<br />

constituer en profession qu’au prix d’une définition limitative de son champ de compétence.<br />

La question <strong>des</strong> numerus clausus est aux cœur de ce débat. Pour les membres de la SFP, il est<br />

nécessaire de proportionner les effectifs <strong>des</strong> étudiants en DESS de psychologie clinique aux<br />

débouchés existant en milieu hospitalier, qui est pour eux le débouché "naturel" <strong>des</strong> étudiants.<br />

89 Nous nous dispensons de développer ici les débats internes à la SFP entre cliniciens et expérimentalistes. Pour<br />

<strong>des</strong> raisons qui tiennent à la fois à son histoire et à sa position dans le champ universitaire, la ligne officielle de<br />

l’association a toujours davantage tournée vers la psychologie scientifique que vers la clinique, comme en<br />

témoigne l’origine de ses présidents (voir NICOLAS, 2002, pp. 267-271).<br />

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