Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
de 35000 aujourd’hui. Parmi les ouvrages de référence consacrés au sujet en France, citons
celui de Geneviève Paicheler (1992), qui mobilise l’approche théorique de la sociologie des
professions dans la lignée des travaux de Magali Larson et défend la thèse d’une
monopolisation progressive d’un nouveau marché par les psychologues. Mais l’ouvrage porte
sur la professionnalisation de la psychologie aux Etats-Unis de 1880 aux années 1930 et
n’évoque la situation française que de façon allusive. Citons également, parmi les
contributions historiques sur le sujet, l’ouvrage d’Henri Eckert (1993) qui s’intéresse à un
segment particulier : les conseillers d’orientation-psychologues et qui n’offre de ce fait pas de
vision d’ensemble de la profession. Deux thèses de psychologie sociale ont été consacrées à la
profession de psychologue, l’une en 1986 et l’autre en 1987, mais d’une part elles mobilisent
peu les outils d’analyse sociologique des professions, et d’autre part elles sont assez anciennes
et le paysage de la profession s’est considérablement transformé depuis lors 12 .
Ainsi, bien que la psychologisation des rapports sociaux intéresse les sociologues,
qui y trouvent parfois un miroir de leur propre pratique, la sociologie et l’histoire de cette
profession restent largement à écrire. Cette situation accroît la difficulté de l’exercice : les
sources sont rares, dispersées et il existe peu de travaux solides sur lesquels s’appuyer 13 .
Divers facteurs peuvent expliquer ce relatif désintérêt de l’étude des psychologues par les
sociologues. D’une part, c’est un terrain qui se prête difficilement à la méthode de
l’observation participante, qui recueille aujourd’hui la faveur de bon nombre de sociologues
des professions. Or, les psychologues n’ouvrent pas facilement les portes de leur cabinet : ils
sont soucieux de garantir la confidentialité des informations de leurs clients et peu enclins à
soumettre leurs pratiques au crible d’un certain réductionnisme sociologique. D’autre part,
pour le sociologue qui est davantage porté vers l’étude des phénomènes institutionnels ou des
formes d’organisation collective, le monde de la psychologie apparaît de prime abord comme
un univers terriblement complexe, peu unifié et aux frontières floues. Point d’acteur collectif
immédiatement repérable sur lequel faire porter l’analyse ; point d’histoire longue et
glorieuse, à la différence des professions canoniques de médecin ou d’avocat ; peu de
régulation étatique de l’activité. On trouve au contraire une profession jeune, incertaine de son
12 Voir FLATH (1986) et DE PAOLIS (1987). Une thèse a également été soutenue en 2001 sous la direction de
Jean-Yves Trépos (ETIENNE, 2001), dans une perspective essentiellement inspirée de l’interactionnisme.
13 Citons toutefois deux sources qui nous ont été très utiles dans notre travail. Il s’agit d’une part de l’ouvrage
collectif dirigé par Yves CLOT (1999) sur l’histoire de la psychologie du travail et d’autre part de celui d’Annick
OHAYON (1999) sur les relations entre psychologie et psychanalyse de 1919 à 1969 qui offre une excellente
synthèse historique sur la profession de psychologue en France.
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