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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

théoriquement, n’est en réalité qu’une catégorie de la pratique quotidienne (un « folk<br />

concept », selon les termes de Becker 47 ).<br />

Il est intéressant de noter, à partir du tableau I-1 (annexe 1), que le fait de<br />

s’intéresser à <strong>des</strong> questions générales, comme la « domination » ou la fermeture <strong>des</strong><br />

marchés du travail, n’interdit pas de prendre l’objet théorique « profession » pour donné<br />

d’avance, comme c’est le cas chez Berlant (1975) ou chez Larson (1977) : dans leur<br />

perspective, le concept de profession est un point de départ qui doit être expliqué, non le<br />

résultat d’une construction théorique. On notera aussi que les objets de la sociologie du<br />

travail française ne se confondent jamais totalement avec l’approche anglo-saxonne <strong>des</strong><br />

professions, même lorsque celle-ci se donne pour objet la fermeture <strong>des</strong> marchés du<br />

travail. Ces derniers appliquent leur cadre d’analyse au seul objet profession alors que les<br />

français prétendent l’élargir à l’ensemble <strong>des</strong> occupations. Cette tendance à appliquer une<br />

grille d’analyse néo-wébérienne à l’étude <strong>des</strong> marchés du travail n’est pas absente <strong>des</strong><br />

préoccupations anglo-américaines, mais dans ce cas les auteurs ne se réclament pas de la<br />

sociology of the professions, mais davantage de la sociologie du travail (Haug et Sussman,<br />

1973 ; Burrage, 1990) 48 .<br />

b) Ce qui reste à expliquer : le triptyque savoir/besoin/profession<br />

Il reste à déterminer en quoi les différentes approches théoriques présentées jusqu’à<br />

présent peuvent se révéler ou non pertinentes pour aborder notre objet. Notre interrogation<br />

principale porte sur le déclin relatif d’un segment professionnel face à un autre dans<br />

l’émergence de la psychologie comme profession. Alors que la profession s’était initialement<br />

construite autour d’un discours de la « science » et d’un paradigme 49 expérimentaliste,<br />

dominé par la psychologie du travail et la psychométrie, ses applications actuelles tendent à<br />

l’éloigner de ce modèle pour en faire une pratique tournée vers la clinique et l’examen de cas<br />

toujours singuliers. Les outils et paradigmes orientant la pratique professionnelle <strong>des</strong><br />

psychologues ont connu de profonds changements au cours <strong>des</strong> dernières décennies,<br />

entraînant le rejet <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> qui avaient fondé, pendant <strong>des</strong> décennies, la « rhétorique<br />

professionnelle » <strong>des</strong> psychologues : la méthode <strong>des</strong> tests.<br />

47 BECKER, 1962.<br />

48 HAUG et SUSSMAN (1973, p. 97) écrivent que les stratégies professionnelles et syndicales « cherchent toutes<br />

deux de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail pour eux et leurs collègues. Les dernières<br />

emploient un dialogue ouvert de droits, deman<strong>des</strong>, réclamations, besoins et privilèges, alors que les premiers<br />

masquent leur agenda derrière les mots de service, gratification, savoir-faire, mystère et privilège ».<br />

49 Nous définissons, à la suite de KUHN (1962), un paradigme comme un ensemble d’éléments théoriques et<br />

conceptuels cohérents « qui servent de cadre de référence à la communauté <strong>des</strong> chercheurs de telle ou telle<br />

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