Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Document II-1 Lettre de Suzanne Pacaud à H. Piéron (1947)
Monsieur et cher maître,
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Je vous prie de trouver ci dessous la réponse aux suggestions présentées dans la note que
vous avez bien voulu m’adresser et relatives à la création d’une Association Professionnelle
de Psychologues d’Application.
Il est incontestablement nécessaire d’envisager les moyens d’assurer la protection de la
profession au quadruple point de vue :
1°) de la compétence
2°) de la moralité
3°) des progrès des méthodes et des techniques
4°) des intérêts professionnels
C’est une idée que j’ai soutenue depuis de nombreuses années au cours de conversations avec
M Lahy et ensuite avec M Bonnardel et par conséquent sur laquelle je ne peux être que
d’accord. Il me semble cependant que cette protection devant s’exercer sur des plans distincts
ne saurait être entièrement assumée par la seule association envisagée dans cette note.
1°) En ce qui concerne la compétence, le seul moyen de protection efficace me paraît être le
choix sur titre par un jury d’examen. En effet, aucune association privée ne peut valablement
se substituer à cet égard à un jury universitaire. Une telle association, en émettant cette
prétention échapperait difficilement à la suspicion de vouloir organiser en réalité un
monopole arbitraire en faveur de ses propres membres
Il me semble d’ailleurs que le diplôme d’expert-psychotechnicien a été précisément créé dans
le but de constituer le critère officiel de cette compétence. La condition fondamentale pour
accéder à la profession de psychologue d’application devrait être la possession de ce diplôme
à l’instar de ce qui existe pour l’exercice de la médecine ou de la pharmacie.
L’action préliminaire à tout essai de protection de la profession devrait donc avoir pour but
l’élaboration d’un projet de législation dans ce sens.
Il est bien évident que des dispenses devraient être prévues pour les membres du corps
enseignant à l’Institut de psychologie chargés de délivrer ce nouveau titre.
2°) Le contrôle de la moralité peut être du ressort d’une Association du type d’un Ordre
professionnel (ordre des médecins, ordre des avocats) comportant un Conseil élu ayant des
pouvoirs légaux de contrôle et d’exclusion.
3°) Le progrès des méthodes et des techniques me paraît devoir être étudié par les
Associations scientifiques ou encore par une association de professeurs et anciens élèves de
l’Institut de psychologie qui pourrait avoir une section de psychologie appliquée.
4°) Enfin la défense des intérêts professionnels dans la conception actuelle de l’organisation
sociale est incontestablement du ressort des organismes syndicaux.
532