27.12.2013 Views

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

nous semble au contraire plus pertinent de montrer comment se construisent au cours <strong>des</strong><br />

étu<strong>des</strong> <strong>des</strong> mécanismes de différenciation qui poussent à s’orienter vers telle spécialité plutôt<br />

que telle autre. Cette approche suppose de dépasser les bornes <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de socialisation qui<br />

se limitent habituellement à la phase de formation initiale commune à tous les professionnels<br />

et d’y inclure d’une part le choix de la spécialité, qui survient à partir de la maîtrise et d’autre<br />

part la phase d’insertion professionnelle qui fait suite au DESS. Dans cette section, nous nous<br />

attacherons donc à montrer dans un premier temps comment on "devient psychologue", à<br />

travers les mécanismes d’acculturation à la nouvelle discipline – ou de résistance à cette<br />

acculturation – qui se produisent à l’université. Nous nous efforcerons ensuite de mettre en<br />

évidence les facteurs qui peuvent déterminer l’orientation vers la psychologie du travail, qui<br />

apparaît comme une spécialité relativement marginale par rapport à la culture dominante de la<br />

profession. Enfin, nous centrerons le dernier point de notre analyse sur la phase cruciale que<br />

constitue l’entrée dans le métier et les jeux identitaires autour de la revendication ou non du<br />

titre de psychologue dans les emplois occupés.<br />

1. Devenir psychologue : un choix par défaut ?<br />

Seul un petit nombre de personnes rencontrées en entretien déclare que leur<br />

orientation vers la psychologie a relevé d’un choix pleinement positif. Dans un grand nombre<br />

de cas, ils y sont venus par impossibilité d’accéder à un autre cursus, notamment <strong>des</strong> étu<strong>des</strong><br />

de médecine ou de science, ou alors <strong>des</strong> filières plus professionnalisées (BTS, IUT),<br />

inaccessibles au vu de leurs résultats scolaires du lycée 43 . La décision de s’inscrire en<br />

psychologie apparaît finalement comme la seule "raisonnable", une fois éliminées toutes les<br />

autres possibilités, comme le montre le cas de ce jeune psychologue qui travaille dans le<br />

service de recrutement d’une grande entreprise publique :<br />

Q : « Pourquoi vous êtes vous dirigé vers la psychologie ? »<br />

R : « Ben…. Par défaut… Je pouvais pas aller en IUT ni en BTS, ni en gran<strong>des</strong><br />

Ecoles. Fac de sciences c’était hors de question parce qu’il y avait trop d’heures de<br />

cours. Droit c’était hors de question à cause d’idéologies bêtes et méchantes<br />

lycéennes. Donc il restait Lettres. Lettres, ce que j’en connaissais, j’avais pas envie.<br />

Donc il me restait quoi ? La philo, la socio, la psycho. La philo j’en avais fait un an<br />

au lycée, ça me suffisait. La socio, je voyais pas trop les débouchés qu’il pouvait y<br />

avoir derrière. Donc je me suis dit : « je vais faire psycho ». Donc quand je dis….<br />

Par hasard… C’est vraiment un choix complètement par défaut. Je me serais<br />

retrouvé en socio, c’était pareil, quoi. » (entretien n°38, homme, chargé de<br />

recrutement dans une entreprise publique)<br />

43 Cette situation n’est pas nouvelle : dans une enquête précédemment citée, OLERON (1967) relevait déjà que<br />

« si leur choix n’avait pas été contraint », environ 70 % <strong>des</strong> étudiants en psychologie auraient poursuivi d’autres<br />

étu<strong>des</strong>.<br />

348

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!